Intervention de Christophe Blanchet

Séance en hémicycle du jeudi 1er octobre 2020 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Blanchet :

En préambule de cette première intervention et des suivantes, conformément à l'article 80-1-1 du règlement de l'Assemblée et sur les recommandations de la déontologue, j'informe l'Assemblée, au cas où elle ne le serait pas déjà, que j'ai exploité pendant vingt ans des discothèques, que j'ai été pendant quinze ans un représentant syndical des acteurs de la nuit et que, depuis mon élection, mes sociétés ont été placées en location-gérance.

En ces temps de crise, l'heure est à l'unité et non à la mise au ban. Les trois mois que nous venons de vivre ont malheureusement démontré qu'il n'en était rien : le secteur des discothèques et, par là même, une partie de la jeunesse ont été mis au ban. Cette jeunesse, à qui on a fermé les portes de l'amusement encadré, s'en remet à son imagination pour trouver d'autres lieux, non encadrés, où s'évader. Pour elle, la clandestinité de la nuit est devenue la norme. Retirons nos oeillères : nous aussi, nous avons eu cet âge et nous avons éprouvé un même désir de liberté.

Interdire aux experts de la nuit d'encadrer cette insouciance constitue plus qu'une grave erreur ; c'est mépriser leur professionnalisme, pourtant démontré au cours des dernières décennies. Qu'il s'agisse de la lutte contre le sida, les drogues, l'abus d'alcool ou les agressions sexuelles, les professionnels du secteur des CHRD – cafés, hôtels, restaurants et discothèques – ont joué un rôle majeur en matière de sensibilisation. L'histoire nous l'a appris, la division dans la crise est la promesse de lendemains conflictuels. Gardons-nous d'une vision dramatisée, erronée et surtout révolue du secteur de la nuit ! Nous parlons aujourd'hui d'un secteur dans lequel les professionnels foisonnent et l'expertise et le contrôle sont légion.

Mettons fin à la fermeture généralisée des discothèques et appliquons à tous les mêmes principes ! L'égalité de traitement entre les différents secteurs est une nécessité. Faire primer la sensibilité sur les procédures revient à succomber à la dictature de l'émotion. Remettons le pragmatisme et le concret au-devant de nos priorités. Les établissements qui ne respectent pas le protocole sanitaire et enfreignent les règles doivent être fermés, mais faisons du « cas par cas » le maître mot de réouvertures probables.

Et comme il est indiqué dans l'étude d'impact du 15 septembre, « ces mesures doivent être strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu ». Ce ne sont pas les événements mais notre pensée qui doit dicter notre conduite.

Il ne s'agit pas de rouvrir les discothèques à tout prix mais d'interdire leur fermeture systématique et en tous lieux jusqu'au 1er avril. Accordons-leur la même différenciation qu'aux bars, restaurants et autres lieux de vie.

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