Intervention de Yannick Kerlogot

Séance en hémicycle du mardi 6 octobre 2020 à 21h30
Restitution de biens culturels à la république du bénin et à la république du sénégal — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Kerlogot, rapporteur de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Chère collègue, nous avons effectivement eu l'occasion d'initier cette réflexion en commission. Je crois comprendre que l'amendement que vous nous présentez ce soir a été légèrement réécrit depuis. En commission, vous parliez de « conditions optimales », tandis qu'aujourd'hui vous préférez les termes de « modalités optimales ».

J'ai écouté avec beaucoup d'attention le discours de Mme Anthoine, qui a elle-même confirmé que, pour le Bénin, les conditions d'accompagnement sont satisfaisantes, grâce à l'action de l'État français, d'Expertise France, ou de l'AFD. Les sommes ont été rappelées, notamment par Mme Anthoine, nous agissons à la fois avec des prêts et des subventions.

De plus, grâce notamment à l'AFD, dont nous avons auditionné les représentants, nous avons collecté des informations très précises sur le projet d'envergure béninois qui est à la fois touristique, économique et culturel. La demande du Bénin a donc été très clairement formulée. La France y a répondu par une volonté assumée d'accompagnement.

J'ajouterais que l'ANPT – l'Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme du Bénin – constitue un gage, une manière de démontrer que l'accueil des oeuvres a été pensé et anticipé. Je vous rappelle que le site du palais d'Abomey s'étend sur quarante-sept hectares et que, s'il y a une réhabilitation à opérer, un musée est attendu pour la fin de l'année 2023. Grâce aux financements et à la nature du projet elle-même, il existe une volonté manifeste d'accueillir ces objets au-delà de leur fonction muséale.

Il est important de le rappeler : la fonction muséale est clairement assumée dans le projet du Bénin, au même titre que la fonction économique ou que la volonté de redonner toute leur place aux artistes et aux artisans, notamment ceux perpétuant la tradition des arts de la cour du royaume d'Abomey. Il existe une véritable volonté de soutenir ces artistes et artisans, mais aussi de bâtir un projet en accord avec les principes du développement durable, et d'accorder une place plus importante aux femmes, notamment grâce à la mise en valeur de l'artisanat.

En définitive, et vous le dites vous-même dans votre amendement, madame Le Grip, le Bénin a fourni des gages. Je comprendrais davantage ce souci légitime d'obtenir des garanties s'agissant de nouveaux projets, mais, en l'espèce, il s'agit de deux projets précis au Bénin et au Sénégal. Aussi, nous adoptons une logique de confiance, quoique vigilante.

Ajouter au texte les termes de « modalités optimales d'accueil », alors que nous connaissons déjà les conditions d'accueil et que nous avons déjà entendu votre demande de faire figurer dans le texte un rappel du principe d'inaliénabilité, serait donc contradictoire avec notre volonté de faire preuve d'une confiance vigilante. Je ne voudrais pas non plus qu'une telle mention ne soit interprétée par les pays concernés comme une forme d'ingérence.

Je crois que la confiance est réciproque. Le président du Bénin a clairement défini son projet. La France se positionne pour l'accompagner et nous disposons de toutes informations. Reposons-nous sur cette confiance. Avis défavorable.

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