Je me suis intéressé aux dépenses que vous avez effectuées dans le cadre des trois PLFR et à celles que vous envisagez dans le présent budget et le plan de relance. Je constate qu'il y a trois types de dépenses : les dépenses de soutien, indispensables, qui s'élèveront à 74 milliards d'ici à 2022 ; les dépenses visant à accélérer les transformations numériques et écologiques, utiles elles aussi, qui seront de 35 milliards ; enfin, des dépenses opportunistes, dépourvues de lien avec la crise, qui représenteront une douzaine de milliards.
On y trouve notamment d'importantes revalorisations salariales des agents publics, qui ne sont jamais conditionnées par une réforme de l'organisation de notre système de santé ou de notre système de sécurité. Ce sont aussi 620 millions d'euros supplémentaires qui seront accordés à la justice, et plus de 200 millions pour des mesures catégorielles en faveur des personnels de l'enseignement public du second degré. Vous ajoutez à cela 20 millions pour le pass Culture des jeunes et 14 millions pour la création de la Cité du théâtre. Vos raisons sont sans doute très bonnes, à ceci près que vous devez, dans le même temps, financer des dépenses de sauvetage, ou de survie, et des dépenses d'investissement pour relancer l'économie. Dans votre esprit, les crises sont non seulement des occasions de transformer, mais aussi des alibis pour dépenser !
On se demande, au fond, quelles sont vos priorités. Tout est prioritaire ! Or la dépense n'est pas, en tant que telle, une réforme. Les chiffres sont éloquents : entre 2020 et 2021, si on neutralise les mesures de soutien et de relance liées à la crise du covid-19, on constate que les dépenses publiques bondiront de 2,9 % en volume, alors qu'elles n'avaient progressé que d'environ 1 % en moyenne au cours des dix dernières années. Autrement dit, vous multipliez par trois le rythme d'augmentation des dépenses publiques en volume hors crise.