Intervention de Fabien Roussel

Séance en hémicycle du lundi 12 octobre 2020 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Roussel :

Parallèlement, l'État revalorisait le SMIC, bien sûr, et réduisait le temps de travail, avec un objectif simple que tout le monde comprend : qu'on travaille moins, qu'on travaille tous, et qu'on travaille mieux. Vous imaginez le changement de société !

Ce n'est pas fini : dans cette logique de reconquête, l'État décidait aussi de mobiliser les grands groupes dont il est actionnaire, et d'entrer au capital d'autres groupes pour élaborer de nouvelles stratégies visant à relocaliser les productions, à ouvrir des usines et à créer des emplois. Renault, Airbus, Sanofi, Alstom, Air France, Safran et Thales étaient mobilisés, mais aussi Nokia, General Electric et Vallourec. Chez Bridgestone Béthune, l'État empêchait les licenciements annoncés et la fermeture de l'usine. L'État stratège allait enfin mettre fin aux diktats des conseils d'administration qui s'amusent à placer les salariés français en concurrence avec ceux de l'Union européenne. Imaginez le soulagement pour les salariés ! Pour ceux de Béthune, le cauchemar prenait fin. Pour tous ces hommes et ces femmes, finies les angoisses du chômage, des prêts à rembourser, des études des enfants à payer.

Dans la foulée de ces belles annonces, un pôle public du médicament était créé, avec Sanofi bien sûr, garantissant l'approvisionnement en médicaments et protégeant des sites menacés comme Famar Lyon, Luxfer ou encore le laboratoire LFB.

Dans ce rêve, les bonnes nouvelles ne s'arrêtaient pas là. Écoutez celle-ci, monsieur le ministre délégué : j'apprends que ce nouveau gouvernement avait enfin décidé de s'attaquer vraiment aux paradis fiscaux, et qu'il venait de nommer Éric Bocquet, sénateur communiste incorruptible devant l'éternel et la finance, nouveau ministre pour la lutte contre l'évasion fiscale. Cette décision inédite dans l'histoire de la Ve République intervenait après un nouveau scandale : un fonds de pension américain, le groupe Apollo, propriétaire de nombreuses entreprises dont le groupe Verallia, producteur de verre, aurait transféré 0,5 milliard d'euros aux îles Caïmans via le Luxembourg fin décembre de l'année dernière. Je vous ai saisi de ce dossier, monsieur le ministre délégué ! Je rappelle que ce groupe a annoncé 198 licenciements, la fermeture d'un four à Cognac et, en même temps, le versement de 100 millions d'euros de dividendes aux actionnaires. Voyez-vous, dans mon rêve, les salariés étaient enfin respectés, et l'État aussi. Enfin, un gouvernement écoutait les salariés et interdisait les plans de sauvegarde de l'emploi ! Désormais, tout transfert de fonds vers les paradis fiscaux était interdit. Quelle rupture avec l'ancien monde !

Concernant la transition écologique, ce gouvernement de rêve passait enfin aux actes, avec des objectifs clairs et ambitieux, et des dizaines de milliers d'emplois à la clé. Un plan de formation et de recrutement était lancé pour atteindre le bon rythme de rénovation thermique des logements, c'est-à-dire 700 000 logements par an jusqu'en 2040. C'est ça, l'objectif !

Dans l'énergie, l'eau et le traitement des déchets, l'État reprenait la main, après le camouflet imposé par Engie. S'appuyant sur ses fleurons industriels, il décidait de créer un grand pôle public autour d'Engie, du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives – CEA – , d'EDF et de Suez, plutôt que de laisser ces entreprises passer sous capitaux privés.

Il s'attaquait aux modes de production pour relocaliser le travail et pour arrêter d'exploiter les hommes et les ressources naturelles. L'agriculture et les modes de transport doux allaient enfin bénéficier d'un vrai soutien. Les transports allaient même devenir gratuits dans les agglomérations !

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