Cela dit, le débat sur la contribution française au budget européen est la petite alcôve du palais Bourbon dans laquelle nous pouvons parler de l'Europe : parlons-en donc.
Le Gouvernement prévoit une augmentation de 25 % du prélèvement sur recettes au profit de l'Union européenne. Cette hausse, qui naturellement interpelle, porte le nom de trois bouleversements que nous sommes en train de vivre : deux crises et une évolution fondamentale de notre Union.
La première crise majeure est le Brexit, entier et effectif. Nous en parlons depuis si longtemps que nous pardonnerons volontiers à ceux qui pensent qu'il a pleinement eu lieu, tout autant qu'à ceux qui pensent qu'il n'aura jamais lieu. Le Royaume-Uni est bel et bien sorti de l'Union européenne le 31 janvier 2020, et notre contribution au budget reflète cette sortie, pour deux raisons. Premièrement, c'est l'un des contributeurs majeurs du budget qui est sorti de l'Union européenne avec le Royaume-Uni Deuxièmement, grâce à l'action et à l'engagement du Président de la République et de vous-même, monsieur le secrétaire d'État, cette sortie n'a pas été l'occasion de tailler dans les programmes de l'Union, comme certains l'auraient voulu. Nous entérinons donc, au travers de ce prélèvement sur recettes, le choix fait par l'Europe de continuer à soutenir son agriculture et sa jeunesse, de redoubler de volonté en matière de transition écologique et de recherche, d'affirmer sa volonté de se doter des moyens de peser dans le monde de demain.
C'est unie comme elle l'a rarement été et confiante dans son avenir, grâce, entre autres, à l'action et au volontarisme de la France, que L'Europe aborde le terme de la période de transition accordée au Royaume-Uni dans le cadre du Brexit. Mais le plus dur reste à venir. Nous nous devons de continuer à oeuvrer jusqu'à la dernière minute, ,à la négociation d'un accord encadrant notre relation avec le Royaume-Uni qui réponde à une double exigence. D'abord il est impératif, pour l'existence même de l'Union, que l'accord ne permette pas à un État tiers de profiter de ses bienfaits sans être assujetti à ses règles et obligations. Il doit néanmoins, et c'est sans doute le plus grand défi, être le socle d'une relation proche, intime même, avec un partenaire qui, depuis un millénaire, est plus un cousin qu'un simple voisin, qui partage nos valeurs et notre conception d'un ordre international fondé sur l'État de droit. Ce que le Brexit nous impose, c'est de répondre à une question que nous nous sommes refusé de formuler jusqu'à présent : comment structurer pour l'Europe une politique de voisinage immédiat qui ne conduise pas inéluctablement à l'élargissement ? L'ironie, c'est que ce soit la perspective d'un rétrécissement plutôt que d'un élargissement qui permette ce débat.
La deuxième crise majeure qui explique le rebond de notre contribution, c'est bien évidemment la crise sanitaire et économique que nous traversons. L'augmentation des crédits de paiement du budget européen entre 2020 et 2021 est en partie due à la solidarité dont l'Union fait preuve depuis le déclenchement de la crise du coronavirus. Depuis le début de l'année, l'Europe a tout mis en oeuvre pour soutenir les économies européennes et renforcer les systèmes de santé. La mobilisation du budget de l'Union a notamment permis de financer des mesures de soutien aux agriculteurs et aux pêcheurs face à l'arrêt temporaire de leur activité, d'acheter des fournitures médicales, de rapatrier des citoyens bloqués à l'étranger, de transférer des patients, de mettre en place des hôpitaux de campagne, de précommander des doses de vaccin ou d'aider les PME ou les personnes les plus vulnérables.