Comment avons-nous pu accepter que ceux-ci ne participent pas plus qu'ils ne l'ont fait jusqu'à présent ? Comment peut-on accepter, dans le contexte que nous connaissons, l'idée qu'il n'y aura jamais ni souveraineté sanitaire ni souveraineté financière pour intégrer les dettes liées au traitement du covid-19 au reste des dettes de l'Europe, alors que la BCE devrait les prendre en compte ?
Quelqu'un a dit ici que l'annulation ou le gel de la dette était irresponsable. Évitons ce genre d'adjectif. Nombre de penseurs et d'économistes considèrent que c'est une des voies de règlement du problème de la dette, que personne ne pourra jamais payer au niveau qu'elle a atteint. Ils préfèrent cette solution à la reconduction permanente de la dette par le financement de chacun des États, à des taux qui sont naturellement promis à connaître des hauts et des bas, et surtout des hauts.
Cette série d'échecs nous amène aux chiffres. Comment faites-vous pour vous réjouir d'un plan de relance de 790 milliards d'euros, dont 390 milliards seulement de subventions, pris pour partie sur le cadre financier pluriannuel de l'Europe ? Comment faites-vous pour vous en réjouir, alors que le commissaire proposé par le Président de la République française, M. Breton, pensait qu'il fallait 2 000 milliards ? Quelle comparaison pouvez-vous faire entre ces malheureux 790 milliards – dont 390 de subventions – et les 2 800 milliards que la BCE a donné dans le passé aux banques privées pour racheter les titres des dettes ? Comment une telle incohérence peut-elle tenir sur la durée ? Je ne sais pas. Vous pourrez dire ce que vous voudrez, mais, à louanger de tels accords, vous ne faites que préparer une déroute qui sera humiliante pour notre pays.