Après l'examen du projet de loi de programmation de la recherche adopté par notre assemblée en première lecture, nous voici de nouveau réunis pour discuter de son financement pour l'année 2021 et appréhender la concrétisation des premières mesures de cette loi à travers l'examen de cette mission particulièrement importante pour nos étudiants, nos universités, nos chercheurs et toutes celles et ceux qui mettent tant d'espoirs dans la recherche.
Je tiens, pour commencer, à saluer l'accord passé entre les partenaires sociaux et le Gouvernement sur les salaires et les carrières des chercheurs, que l'on peut qualifier d'historique, puisque plus de 80 millions d'euros sont prévus dès le budget pour 2021. Cet accord était nécessaire, rappelons-le, pour renforcer l'attractivité scientifique de la France.
Nous nous interrogeons toutefois sur la durée de sept ans, que nous avions demandée lors des discussions sur le PLPPR : comment cette durée s'accordera-t-elle avec la programmation de dix ans, jusqu'à 2030, prévue pour le projet de loi ? Comme pour le projet de loi de programmation de la recherche, se pose la question de l'engagement à long terme, notamment celui des futurs gouvernements.
Nous approuvons bien entendu l'augmentation du budget de plus de 4 millions d'euros alloués aux doctorants, qui offre la perspective de compter 220 doctorants supplémentaires, ce qui respecte les engagements pris dans le PLPPR. Si la revalorisation des contrats doctoraux est également à saluer, nous regrettons que les contrats en cours ne puissent en bénéficier. Nous espérons aussi des avancées en ce qui concerne la valeur et la gestion des heures complémentaires.
Nous devons aussi avouer notre surprise face au transfert apparent de près de 600 millions d'euros de cette mission budgétaire vers le plan de relance : cela nous conduit à nous interroger sur les 100 millions d'euros prévus dans le plan de relance et sur l'avenir de la mission « Recherche et enseignement supérieur ». Nous saluons toutefois, bien sûr, l'augmentation des crédits de l'ANR, tant dans cette mission budgétaire que grâce au plan de relance.
Cette année universitaire s'annonce encore difficile pour les étudiants ; il faudra accorder une attention toute particulière aux plus fragiles d'entre eux. Je défendrai d'ailleurs un amendement visant à augmenter le nombre de contrats proposés aux étudiants au sein même de leur université.
Les images d'amphithéâtres bondés lors de la rentrée témoignent d'un respect plus qu'incertain des conditions sanitaires, alors que la volonté de tous est de protéger au mieux les étudiants. Aussi pouvons-nous saluer l'engagement du ministère, qui a prévu 35 millions d'euros pour la transformation pédagogique et numérique. Toutefois, le renforcement des services numériques aux étudiants sera-t-il suffisant ? La question reste posée pour les besoins immobiliers, d'autant plus notoires en cette période de crise sanitaire. Je vous parle ici des salles de cours de travaux dirigés, mais je vous ai également interrogée en commission, madame la ministre, sur les besoins des étudiants en matière de logement. Vous y travaillez avec les collectivités locales, mais vous m'avez indiqué que le foncier posait problème. Y a-t-il d'autres pistes de réflexion sur le sujet ?
Les moyens consacrés à la vie étudiante sont en hausse de 134 millions d'euros. La revalorisation des bourses étudiantes et leur augmentation sur critères sociaux sont une bonne nouvelle, mais nous regrettons qu'elles ne prennent pas en compte les inégalités de coût de la vie entre les territoires, au détriment notamment de ceux d'outre-mer, plus précisément du Pacifique.
Nous approuvons aussi, évidemment, le passage du prix des repas universitaires à 1 euro pour les boursiers.
Avant de conclure, je voudrais vous faire partager mon inquiétude sur la santé de nos étudiants, notamment psychologique. Le Président de la République a déclaré qu'il était dur d'avoir 20 ans en 2020 ; pour ma part, je dirais qu'il est dur d'être étudiant en 2020. Des moyens humains supplémentaires ne devraient-ils pas être débloqués pour accompagner ces jeunes ?
Je voudrais enfin revenir sur l'espoir dont je parlais en introduction : l'espoir des parents d'enfants malades, atteints d'un cancer, d'amyotrophie bulbo-spinale ou d'une autre maladie grave, souvent incurable. Je sais que nous partageons tous l'espoir de ces familles.
Vous l'avez compris, comme vous, nous voulons soutenir l'enseignement supérieur et la recherche. C'est pourquoi nous défendrons certains amendements, tout en accueillant favorablement, dans son ensemble, la proposition de crédits alloués à cette mission.