Le présent projet de budget est hors norme, à bien des égards. Il doit à la fois s'inscrire dans la continuité du travail mené par le Gouvernement et la majorité depuis le début du quinquennat, et préparer les conditions de la relance et de la résilience économique et sociale. En ces temps troublés, plus que jamais, l'enseignement supérieur et la recherche, et plus généralement la connaissance, demeurent des piliers de notre civilisation, du progrès et de l'humanisme. Je me félicite que nous ayons devant nous un projet de budget qui défende les ambitions votées dans la loi de programmation pour la recherche, et qui soutienne l'amélioration de notre enseignement supérieur et des conditions de vie des étudiants. Depuis le début du mandat, le Gouvernement a su tirer les enseignements du sous-investissement que la recherche française subit depuis de nombreuses années, récemment symbolisé par l'attribution du prix Nobel de chimie à Mme Emmanuelle Charpentier, brillante chercheuse formée en France mais qui a dû partir à l'étranger pour mener à bien ses fructueux travaux.
Notre capacité à innover et à transcrire nos avancées scientifiques dans notre économie sera l'une des conditions de notre rebond. C'est particulièrement vrai dans les domaines de la transition écologique et dans les secteurs stratégiques, sans oublier l'importance capitale des sciences humaines et sociales pour mener une réflexion sur notre monde.
Or l'augmentation du budget de la recherche s'élève cette année à 400 millions d'euros, dont 390 millions sont alloués aux programmes relevant du ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Parmi les investissements forts, 130 millions seront destinés à améliorer la rémunération des chercheurs, ingénieurs et techniciens. Dès l'année prochaine, nous garantirons à tous les jeunes chercheurs un salaire au moins égal à 2 SMIC, afin d'engager un processus d'amélioration des carrières. Nous formons des chercheurs brillants ; la France doit leur assurer un avenir et une carrière sur son territoire. Le projet de loi de programmation prévoit des avancées concrètes contre la précarité des doctorants ; le projet de budget vise à atteindre une première étape de l'amélioration de leurs conditions de rémunération, avec 6 millions d'euros consacrés aux étudiants qui s'engageront dans une thèse, une hausse de 20 % du nombre de thèses financées par l'État et une augmentation de 30 % de la rémunération des doctorants. Afin de porter à 23 % le taux de sélection de l'Agence nationale de la recherche, ses crédits seront augmentés de 149 millions d'euros, au bénéfice de tous les laboratoires de recherche français et des entreprises privées qui innovent. Afin de diffuser la culture scientifique et de passer de la théorie fondamentale à la théorie appliquée dans nos entreprises innovantes, 20 millions seront consacrés à l'ouverture de la science vers la société. Pour structurer la recherche autour des grandes priorités, 25 millions seront mobilisés en vue de mettre en valeur nos grands sites universitaires et les faire rayonner mondialement. Nous financerons également les initiatives scientifiques qui luttent contre la covid-19 et ses conséquences, afin de sortir le plus rapidement possible de la crise et d'en tirer toutes les leçons.
Concernant l'enseignement supérieur, nous apportons des moyens pour affronter la crise et améliorer les conditions de vie des étudiants. Afin de poursuivre les objectifs inscrits dans la loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants, 80 millions d'euros sont prévus ; ces crédits supplémentaires permettront notamment l'extension du dialogue stratégique et de gestion, dispositif prometteur pour doter les établissements d'une réelle trajectoire prospective et pluriannuelle, ainsi que pour poursuivre la réforme des études de santé et la revalorisation salariale. À ces 80 millions d'euros, s'ajoutent 95 millions issus du plan de relance, pour que l'enseignement supérieur y ait toute sa place. La création de places supplémentaires, en particulier dans les filières les plus tendues et les formations de santé, dans le cadre du plan « un jeune, une solution », sont ainsi dotées de 60 millions. Pour assurer la continuité des enseignements pendant la crise, comme l'impose le contexte, 35 millions sont dédiés à la transformation pédagogique et numérique de l'enseignement. Afin d'améliorer les conditions de vie des étudiants, 134 millions d'euros supplémentaires sont prévus : 80 millions d'euros pour les bourses sur critères sociaux, avec une revalorisation des bourses de 1,2 % financée à hauteur de 30 millions, et 50 millions d'euros pour financer le ticket de restaurant universitaire à 1 euro pour les étudiants boursiers, ce qui constitue une mesure sociale capitale et inédite. Enfin, 11 millions d'euros sont prévus pour financer le gel des loyers dans les résidences universitaires gérées par les CROUS.
Vous l'avez compris, Mme la ministre nous présente un projet de budget inédit, ambitieux, solidaire et résolument tourné vers l'avenir ; le groupe La République en marche soutient sans réserve ce budget hors normes.