Mais il faut également montrer les limites de votre proposition : d'un côté, on propose une baisse des impôts de 10 ou 20 milliards d'euros, de l'autre, on propose 200 millions pour les aides à domicile : c'est cent fois moins ! Je l'ai déjà dit dans cette assemblée : pour les pauvres, c'est toujours en millions, pour les riches, c'est toujours en milliards !
Cela étant dit, j'accepte ce premier pas. Vous savez, lorsque l'on a instauré le système des retraites, en 1909 il me semble, la gauche disait à l'époque que ce n'était rien, que ce n'était pas terrible. Finalement, il faut reconnaître que cela a permis d'entr'ouvrir une porte que nous avons, au fil du temps, ouverte et investie. J'accepte donc l'ouverture que vous proposez, je rentre dedans et je voterai en faveur de cette mesure, même si, je le répète, il y a eu 20 milliards de réductions d'impôts, et seulement 200 millions pour les auxiliaires de vie sociale.
C'était une digression, mais je tenais à réagir. Je vais maintenant défendre mes sous-amendements.
Dans l'amendement que avez présenté et son exposé sommaire, le mot « attractivité » figure à cinq reprises. On parle d'un métier qui touche à la vie, à la mort, à la vieillesse, à la tendresse, à la relation, au don, à l'humain – et quand vous l'abordez enfin, c'est sous l'angle de l'attractivité !
On croirait qu'on parle d'un centre commercial, d'un pôle logistique ou d'une galerie marchande ! Même pour parler de ce métier de lien et de soin, vous êtes incapables de laisser de côté votre langage managérial à trois balles ! Attractivité ! Vous conservez vos réflexes économicistes, qui réduisent l'humain à des chiffres, qui effacent l'humain, qui transforment l'humain d'une finalité en un moyen.
Attractivité, ça signifie que vous voyez la vie comme un tas de tuyaux, juste comme des emplois à remplir ! Je vous le laisse, ce mot, et je ne propose donc même pas de le remplacer, mais simplement – c'est mon deuxième sous-amendement – d'y ajouter le mot « dignité » : voilà le but à atteindre, voilà la finalité que nous poursuivons – l'attractivité peut être un moyen, mais le but que nous poursuivons, c'est la dignité.
C'est la dignité des auxiliaires, qui doivent pouvoir vivre de leur métier, en recevant en contrepartie un salaire normal – au moins le salaire minimum légal – , et en travaillant selon des horaires normaux.
C'est aussi la dignité des bénéficiaires accompagnés dans leur vie. Pour eux, il ne doit pas simplement s'agir de se lever, de se laver, de manger, mais aussi de pouvoir se rendre au cimetière, au cinéma, au supermarché ou au café sans être pressés toute la journée – le matin par exemple, ils doivent pouvoir prendre leur petit-déjeuner sans être obligés de l'avaler à toute vitesse.
C'est la dignité de tous, la dignité pour tous que nous devrions inscrire dans la loi, et pas seulement l'attractivité. En cet instant que vous dites historique, je vous demande d'être humains et d'ajouter dans la loi que le métier de lien des auxiliaires de vie sociale doit s'exercer dans la dignité, plutôt que de vous contenter de cette notion managériale qu'est l'attractivité.