Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 28 octobre 2020 à 15h00
Accélération et simplification de l'action publique — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

L'État, maître des horloges, coordonne les temps sociaux : ceux de la formation, de la production, de la distribution et de la reconstitution de la ressource. L'État stratège distingue et hiérarchise les priorités. L'État planificateur garantit la cohésion des chaînes d'interdépendance de la production. Probablement sans le savoir, peut-être sans vous en rendre compte, vous êtes des serviteurs du temps court, typique du capitalisme de notre époque et qui, grâce à vous, s'étend à tous les domaines, surtout à ceux où le temps long devrait régner en maître.

Notre rôle à nous, insoumis, consistera donc à vous rappeler en toutes circonstances que l'heure est à la planification, qui seule permet d'accorder, d'harmoniser les cycles de l'activité humaine et ceux de la nature. C'est pourquoi, au milieu de ce bric-à-brac, j'ai choisi de ne parler que d'un seul sujet : la forêt.

La forêt occupe une place singulière, sans doute centrale, dans le cycle de l'eau, aujourd'hui déréglé. Poche après poche, le territoire national voit se multiplier les épisodes de sécheresse, d'assèchement des cours d'eau, de détresse hydrique. Sans qu'on le sache ou que l'on s'en souvienne, la forêt représente 10 % de ce territoire : c'est dire que tout ce qui la concerne touche à l'intérêt général. Je vous l'apprends probablement, mais les Français présentent la particularité de réfléchir au lien entre forêt et climat depuis le XVIIe siècle, puis, avec Buffon, pendant tout le XVIIIe siècle. Lors de la grande révolution de 1789, la confiscation des biens forestiers que possédait l'Église avait fait inscrire à l'ordre du jour la question de leur inaliénabilité.

La forêt refroidit : elle met à couvert et absorbe le CO2, gaz à effet de serre. La forêt humidifie : elle retient l'eau et la fait descendre dans la terre. La forêt retient les sols : à chacun de ces épisodes orageux qui surviennent désormais régulièrement, nous constatons le prix dont se paie sa disparition. La forêt est à l'origine de toute la terre arable dont dispose la planète. La forêt alimente la biodiversité : au moment où un million d'espèces animales et végétales sont en danger d'extinction, il est temps de nous demander à chaque instant si nous agissons conformément à l'intérêt de cette dernière.

Je parle bien sûr de la forêt, non des plantations de poteaux électriques.

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