On a introduit dans la forêt le régime de l'agriculture industrielle, c'est-à-dire la monoculture ; ici, il s'agit de résineux, surtout des sapins de Douglas. Nous en connaissons le résultat immédiat. Autrefois, on plantait des douglas dans les hauteurs, notamment dans mon bon département du Jura ; aujourd'hui, on en met partout, même dans les plaines ! Naturellement, la terre se dessèche, s'acidifie et la biodiversité disparaît. En cinquante ans, 2 millions d'hectares de résineux ont été plantés !
Dans certains départements, c'est une véritable invasion. Dans le Morvan, en amont du fleuve qui dessert la capitale, car la Cure se jette dans l'Yonne qui rejoint à son tour la Seine, 50 % des forêts de feuillus ont été remplacées par des résineux. Bilan : dix fois moins de scieries qu'en 1960 ; des milliers d'hectares acidifiés et dévastés par les cultures et les coupes rases ; une sylviculture sans filière cohérente, au point que la France, qui possède la troisième forêt d'Europe, exporte du chêne à 150 euros le mètre cube pour le racheter 800 euros sous forme de meubles. Comme un pays du tiers-monde, nous fournissons la matière première, qui est transformée ailleurs et dont nous payons la valeur ajoutée. Pouvez-vous nous dire pourquoi, alors que notre pays abrite tant de compétences, nous en sommes arrivés là ?