Intervention de Agnès Thill

Séance en hémicycle du mercredi 28 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAgnès Thill :

« Apprendre à lire, c'est allumer du feu. » Par ces mots, Victor Hugo encourageait les hommes de son temps à mettre l'accent sur l'éducation de la population pour lui permettre de rejoindre le camp des Lumières. Par les temps qui courent, on ne saurait trouver plus grande ambition que celle de sortir les hommes des ténèbres ! En ce sens, monsieur le ministre, il faut reconnaître vos efforts à partir d'une idée forte : que chaque jeune de notre pays sache lire, écrire et compter à la sortie de l'école primaire. À ceux qui en douteraient encore aujourd'hui, il faut rappeler que l'école de la République est, pour chaque élève, le meilleur moyen de s'émanciper et d'apprendre à devenir un citoyen libre.

Ainsi, les crédits de la mission « Enseignement scolaire » pour 2021 témoignent de l'ambition du Gouvernement de mettre l'accent sur l'enseignement du premier degré. Le groupe UDI et indépendants se réjouit de la création de 2 000 postes supplémentaires ainsi que de la revalorisation de quelque 400 millions d'euros prévus pour les enseignants. Je souhaite insister tout particulièrement sur les rémunérations, point qui sera, je l'espère, central dans le Grenelle de l'éducation que nous entamons.

Les récents événements ont montré que le métier de professeur revêtait une importance capitale dans notre société. J'en tiens pour preuve les nombreux témoignages sur ces professeurs gravés dans la mémoire de chacun d'entre nous, qui ont eu un impact positif dans nos vies. Nous en avons tous eu un, et cela a bien été rappelé lors de la cérémonie à la Sorbonne à travers la lecture de la lettre d'Albert Camus à son professeur. Pour reconnaître l'importance de nos professeurs, il est plus que temps de leur montrer une reconnaissance financière. Je reprendrai un argument souvent entendu dans les rangs de la majorité sur d'autres sujets : si l'on veut recruter les meilleurs, il faut les payer en conséquence. Ainsi, alors que nous entrons dans la dernière année du programme de revalorisation pour les enseignants en REP et REP+, nous soutiendrons l'idée d'une prime décente dont les critères d'attribution doivent être basés sur le temps important que donnent ces professeurs dans ces milieux souvent difficiles.

La crise sanitaire aura mis notre école à rude épreuve, et je tiens à souligner une nouvelle fois le courage et l'inventivité de certains professeurs pour assurer la continuité pédagogique en période de confinement. Mais tous les efforts du monde n'auraient pas évité que certains élèves décrochent ou prennent du retard. Alors qu'une deuxième vague nous touche tout aussi violemment que la première, je dois avouer mon inquiétude pour nos jeunes, car bien qu'une fermeture des écoles semble pour l'instant exclue, il apparaît difficile de prévoir l'évolution de la crise dans les prochaines semaines et beaucoup d'entre eux ont déjà beaucoup trinqué.

Monsieur le ministre, vous nous avez annoncé 91 millions d'euros pour accompagner les collectivités territoriales dans le développement du numérique à l'école. Cela suffira-t-il pour permettre aux élèves qui ne possèdent pas ou pas assez d'ordinateurs chez eux de suivre l'école à distance et d'éviter le décrochage ?

Nous nous inquiétons également pour la santé et le bien-être des élèves et des professeurs. Trop peu de moyens sont accordés à la médecine et aux psychologues scolaires, alors que leur rôle est essentiel. Je sais que vous en êtes conscient, alors tâchons de faire quelque chose. Nous défendrons des amendements sur le sujet afin de vous alerter sur l'importance de la santé à l'école, surtout dans cette période difficile pour les élèves et les enseignants.

Le groupe UDI et indépendants tient à saluer le recrutement de nombreux AESH, qui se poursuivra l'année prochaine. L'inclusion dans nos écoles est un sujet primordial, mais si l'augmentation des effectifs est une bonne chose, le nombre ne fait pas tout. L'éclatement des contrats et donc des interlocuteurs rend les conditions de travail et de rémunération insupportables pour ces accompagnants, pourtant si essentiels. Nous souhaiterions qu'ils puissent avoir un employeur unique, que ce soit l'éducation nationale directement ou une collectivité suffisamment importante, afin de leur permettre de mieux jongler entre les besoins et d'obtenir une rémunération plus correcte. C'est un combat de longue date de ma collègue Béatrice Descamps, qui ne manquera pas d'y revenir durant nos débats.

Enfin, nous nous interrogeons sur les évolutions dans l'enseignement secondaire. Comme vous l'avez rappelé en commission, la réforme du lycée aura permis d'apporter une diversité nouvelle dans le choix des enseignements, qui pourra certainement se montrer bénéfique pour les élèves. Mais cette plus grande liberté ne semble pas s'accompagner de moyens suffisants pour les orienter ; il faudrait améliorer cet aspect, tant du côté des professeurs principaux que de celui des outils numériques.

Ainsi, mon groupe aborde positivement ce budget en augmentation mais garde, vous l'avez vu, quelques interrogations auxquelles nous serons attentifs durant les débats.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.