Intervention de Michèle Victory

Séance en hémicycle du mercredi 28 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory :

Dans le second degré, jusqu'en 2023, il y aura une augmentation des effectifs, comme dans les lycées professionnels à la prochaine rentrée. Au total, 520 433 élèves sont attendus en LEP – lycées d'enseignement professionnel. Dans le même temps, nous assistons à une baisse d'environ 700 postes d'enseignement en LEP, dans un contexte déjà fortement marqué par l'utilisation des heures supplémentaires et par le recours aux contractuels, alors même que le volume d'heures supplémentaires à la disposition des chefs d'établissement explose.

Ce volume d'heures supplémentaires, dont nous ne contestons pas forcément le principe à petite échelle s'il a pour objectif de donner un peu de souplesse aux emplois du temps, est beaucoup trop élevé pour être absorbé dans de bonnes conditions – celles qui favoriseraient les efforts pédagogiques des enseignants. Nos élèves ont besoin d'un encadrement par des adultes disponibles, soutenus par l'institution, qui soient en mesure de prendre en compte de manière personnalisée les difficultés d'apprentissage, et de les accompagner dans un processus de retour à la confiance et de revalorisation de soi. Enseignants, conseillers principaux d'éducation, assistants d'éducation et personnels doivent pouvoir proposer des solutions de remédiation conduisant à la réussite.

Bien souvent les enseignants acceptent des heures supplémentaires afin de pouvoir compenser des salaires que tous s'accordent à trouver bien insuffisants, mais l'augmentation des heures que vous proposez, soit plus de 1 000 équivalents temps plein dans le secondaire, n'est pas raisonnable. Ces heures s'ajoutent en effet à un quotidien déjà lourd : préparation, corrections, formations, investissements dans de multiples projets et de multiples dispositifs… Vous ne pouvez l'ignorer, monsieur le ministre, les enseignants sont face à des publics de plus en plus hétérogènes alors que l'on enregistre un taux d'absentéisme de 16,8 % en LEP contre 6 % en lycée, des tensions au sein des établissements, et une contestation de plus en plus forte des règlements, avec un taux de violences graves de 21 % en LEP.

Ces chiffres disent une partie des enjeux auxquels sont confrontés nos enseignants. Pour autant, et c'est le point encourageant de ce tableau, la participation de ces élèves aux conseils de la vie lycéenne est supérieure en lycée professionnel, démontrant que les jeunes qui fréquentent ces établissements ont un réel besoin de reconnaissance et sont prêts à prendre des responsabilités.

Aussi, monsieur le ministre, pouvez-vous expliquer les raisons qui vous font préférer la facilité de gestion des heures supplémentaires à la stabilité et au renforcement des équipes éducatives au sein de nos établissements scolaires ?

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