Intervention de Bruno Fuchs

Séance en hémicycle du jeudi 29 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Fuchs :

Dans les moments dramatiques que vit notre pays, il est difficile de se mobiliser ici pour une discussion budgétaire, mais je crois que c'est notre devoir et notre honneur que de faire face à nos engagements. Je commencerai mon intervention par une pensée fraternelle et solidaire pour les victimes du terrorisme et pour leur famille.

Je voudrais également, s'agissant du programme 105, saluer le travail de l'ensemble du personnel du ministère de l'Europe et des affaires étrangères au début de la crise sanitaire. Au nom des dizaines de familles de ma circonscription qui ont pu reprendre une vie après être restées bloquées dans différents pays du monde, je remercie les agents du ministère pour la mobilisation et la détermination dont ils ont fait preuve pendant ce printemps si particulier.

La crise sanitaire est venue renforcer une idée que le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et Démocrates apparentés a toujours défendue : baisser les effectifs du ministère n'est pas souhaitable. Mes collègues et moi saluons donc la stabilisation de la masse salariale au sein du Quai d'Orsay – une première pour ce budget depuis vingt ans, monsieur le ministre. La baisse tendancielle qui prévalait jusqu'à aujourd'hui constituait un non-sens au regard de la possibilité de voir ressurgir des crises internationales, de l'ambition française de rester un moteur du multilatéralisme et de l'accroissement du nombre de francophones à travers le monde. Ces défis n'étant pas limités à l'année 2021, il faudra continuer la démarche de stabilisation de la masse salariale, voire entreprendre une augmentation des effectifs du Quai d'Orsay après 2022. Que ce gel ne soit donc pas un geste fugace de Bercy !

Nous voterons évidemment les crédits du programme 105.

Le budget du programme 185 « Diplomatie culturelle et d'influence » est en légère hausse de 3 millions d'euros par rapport à 2020. On ne peut que s'en féliciter dans le contexte de crise que nous traversons ; mais ce budget doit également être mis en rapport avec les enjeux, les besoins et l'efficacité de nos politiques publiques. En effet, je crains que les défis liés à l'épidémie de covid-19 n'éclipsent les enjeux structurels de la diplomatie culturelle et la nécessité de déployer des moyens bien plus importants.

Dans son rapport, Frédéric Petit a pris l'exemple de l'action culturelle de la France en Égypte, mettant en évidence l'augmentation de nos capacités d'enseignement en français ; mais n'oublions pas que la population égyptienne augmente de 2 millions de personnes par an ! On mesure la différence d'échelle et l'importance des besoins, donc des moyens qu'il faudrait mettre en oeuvre pour faire face à une démographie très dynamique – la population africaine devrait tripler d'ici à 2100. La France doit être au rendez-vous de ces évolutions démographiques, mais aussi de la concurrence : d'autres acteurs comme la Chine, la Turquie ou encore la Russie sont de plus en plus présents. Même si le budget de la diplomatie culturelle est en augmentation, il faut convenir qu'il n'est pas adapté aux mutations que nous allons connaître. Il faut l'admettre en toute clairvoyance : dans de nombreux endroits du monde, notre influence culturelle faiblit ou régresse.

Dans son discours de Ouagadougou comme dans le plan « Une ambition pour la langue française et le plurilinguisme » de 2018, ou encore dans le plan de développement de l'enseignement français à l'étranger de 2019, le Président de la République a pris des engagements forts pour l'action de la France à l'étranger dans le domaine éducatif et culturel, en mettant la Francophonie au centre de sa stratégie. À l'horizon de 2030, la diplomatie culturelle française vise la création de dix nouvelles Alliances françaises par an et le doublement du nombre d'élèves scolarisés dans le réseau des écoles françaises. En formulant de tels objectifs, le Président de la République a fait de la diplomatie culturelle un des axes majeurs de notre stratégie d'influence. C'est par le renforcement du réseau éducatif francophone que notre pays pourra rayonner ces quinze ou vingt prochaines années, que ses valeurs demeureront universelles, que ses intérêts pourront prospérer.

Le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et Démocrates apparentés et moi-même voterons les crédits de la mission. Dans les années à venir, il faudra pourtant voir plus grand – en matière de budget, mais aussi en matière de méthode et d'outils. Si nous ne comprenons pas l'urgence de la situation, parions que les ambitions du chef de l'État – nos ambitions ! – resteront des voeux pieux.

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