Cet amendement n'a pas été présenté devant la commission des finances. Je comprends qu'il s'agit d'un amendement d'appel, destiné à évoquer en séance publique notre stratégie concernant la grande muraille verte, cette ceinture de végétation multi-espèces qui doit traverser la bande sahélo-saharienne sur 7 000 kilomètres entre Dakar et Djibouti.
Je vous propose de retirer l'amendement au bénéfice des explications que va nous apporter M. le ministre.
Je rappelle que la grande muraille verte a été lancée par les chefs d'État et de gouvernement des États sahélo-sahariens en 2005 au Burkina Faso. La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification prévoit de restaurer 100 millions d'hectares de terres dégradées, afin de séquestrer 250 mégatonnes de carbone et de créer 10 millions d'emplois verts.
L'agence panafricaine de la grande muraille verte, qui siège à Nouakchott, coordonne cette initiative : un rapport récent indique que 200 millions d'euros de financement ont été consacrés à des projets sur le tracé de la ligne, dont 50 millions d'euros ont été pris en charge par les États africains eux-mêmes.
Entre 2011 et 2017, les onze pays membres ont restauré collectivement environ 4 millions d'hectares, dont 2,3 millions pour la seule Éthiopie. C'est en effet très loin des objectifs, mais c'est tout de même le résultat de l'accumulation d'activités pilotes, initiées sur des largeurs de 15 kilomètres dans la zone d'intervention de chacun des États membres.
Il faut donc aller plus loin et plus vite, mais avant de voter de nouveaux financements, il faut fixer des objectifs clairs et instaurer une gouvernance cohérente. Dans une tribune que j'ai rédigée cet été avec le professeur Mbaye Fall Diallo, j'ai plaidé pour que la grande muraille verte soit le catalyseur d'une agroécologie à l'appui des entreprises et des communautés locales. Il faut embarquer tout le monde, les communautés et les collectivités locales, pour garantir la sélection et le suivi des projets, pour créer de l'emploi dans le secteur informel et pour orienter les transferts de fonds des diasporas vers l'investissement durable.