Notre pays fait l'effort, année après année, de renforcer l'aide publique qu'il dirige vers les pays en voie de développement, principalement en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient. Nous soutenons cette politique qui tend à rapprocher le montant de cet accompagnement nécessaire de l'objectif de 0,7 % du RNB, faisant ainsi de la France le cinquième pourvoyeur mondial d'aide publique au développement.
Seulement, monsieur le ministre, une politique publique représentant plus de 10 milliards d'euros par an ne peut pas léviter, de manière déconnectée, sans être un levier puissant des actions de nos autres politiques publiques, en particulier de la politique migratoire. Il y a aujourd'hui en France, au bas mot, plus de 400 000 clandestins, que les pays que nous aidons par l'aide publique au développement refusent de reprendre sur leur sol.
Comment accepter que la France ait donné 220 millions d'euros au Sénégal en 2018, et que, dans le même temps, le Sénégal n'ait délivré que 66 laissez-passer consulaires sur les 1 139 obligations de quitter le territoire français – OQTF – prononcées contre ses ressortissants ? Comment tolérer que la France ait donné 317 millions d'euros au Cameroun en 2018 et que, dans le même temps, le Cameroun n'ait repris que 50 de ses ressortissants, sur les 626 OQTF prononcées par la justice de notre pays ? Comment entendre que le nombre de soldats français tués ou blessés au Mali soit supérieur au nombre de ressortissants maliens en situation irrégulière en France et dont le Mali a accepté le retour ces dernières années ?