Votre amendement a le mérite de poser le débat, déjà introduit par nombre de collègues. Ma position est diamétralement opposée à la vôtre. C'est le même pays, la France, qui, d'un côté, aide, et, de l'autre, est confronté à ces flux migratoires : ces deux hémisphères ne sont pas distincts !
D'une manière ou d'une autre, l'aide doit prendre en compte les préoccupations liées à la migration. J'ai bien entendu votre réponse sur ce point, monsieur le ministre. Toutefois, quand je les interroge, mes interlocuteurs, y compris à l'AFD, non seulement n'opèrent pas ce lien entre aide et migration, mais, en plus, il ne leur vient même pas à l'esprit – c'était du moins le cas il y a quelques mois, alors que tous devraient y penser.
Si nous aidons des pays très pauvres, notre pays lui-même s'est appauvri en quelques mois. Selon les informations du ministère de l'économie, des finances et de la relance, les Français ont perdu 10 % de leur pouvoir d'achat. Et c'est à eux que l'on demande d'augmenter l'aide au développement ? Très bien, mais à la condition que l'on réponde aussi à leurs préoccupations !
Par ailleurs, chère collègue, je n'admets pas le fond de votre logique : vous partez du principe que la migration serait favorable aux pays d'origine, alors qu'elle les saigne, qu'elle leur fait perdre leurs élites, les compétences ! Voilà la question !
Je suis originaire d'une région que connaît bien le ministre et qui, pendant des années, a vu partir toutes ses élites et tous ses jeunes. Un jour, le mouvement s'est arrêté, les habitants ont décidé de rester sur place et la région s'est développée. L'histoire de l'Irlande est la même : c'est à partir du moment où les Irlandais ont décidé de ne plus émigrer que le pays s'est développé.
La migration n'est pas favorable aux pays d'origine : regardez leur situation.