Autrefois, les écoliers du primaire apprenaient ces mots de Sully : « Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France. » Pour le surintendant d'Henri IV, la plus grande richesse de la France était ses sols et ses innombrables paysans. Que reste-t-il aujourd'hui de cette ambition ? Première puissance européenne, championne agricole mondiale, « ferme France »… : ces qualificatifs démontrent que l'agriculture reste un secteur stratégique de notre économie. Malgré la qualité de nos filières et l'excellence de notre gastronomie, la France décroche et affiche une balance commerciale déficitaire en 2019. Les agriculteurs sont confrontés à d'importantes difficultés : revenus bas, endettement, main-d'oeuvre insuffisante, perte de sens du métier. Ils sont en proie à un mal-être profond, conséquence d'une absence de reconnaissance et de la suspicion dont ils sont victimes. La crise actuelle rappelle l'impérieuse nécessité de développer les circuits courts et une alimentation de qualité, en visant un triple objectif : fournir une nourriture saine, assurer des revenus décents aux agriculteurs, protéger l'environnement et la biodiversité. Cela implique d'importants bouleversements que l'État doit accompagner.
Vous le savez, monsieur le ministre : on ne peut pas demander aux agriculteurs de faire des efforts écologiques tout en les obligeant à produire davantage et à moindre coût. Face à une concurrence internationale qui s'avère déloyale, car elle n'est pas soumise aux mêmes exigences sanitaires et environnementales, nos agriculteurs ne peuvent rivaliser. Prenons l'exemple de la filière bio : au début du quinquennat, le Gouvernement a élaboré le plan « Ambition bio 2022 », dont les principaux objectifs étaient d'atteindre 15 % de surface agricole utile – SAU – en bio et 20 % de nourriture bio en restauration collective. Un rapport sénatorial de janvier dernier affirme que c'est irréaliste. Partagez-vous cette conclusion et estimez-vous que les crédits de présente la mission soient suffisants pour atteindre ces objectifs ?
Ma seconde question porte sur la filière viticole, car j'ai la chance et l'honneur d'être l'élue d'une circonscription du Vaucluse qui compte des villages aux noms prestigieux. Cette filière a été malmenée ces derniers mois : forte concurrence espagnole, boycott des États-Unis, exportations affectées par la crise sanitaire, effets du changement climatique, maladies touchant la vigne… Quels moyens avez-vous prévu pour la soutenir ?