Je tiens tout d'abord, madame la présidente, à saluer votre sang-froid à toute épreuve et votre bienveillance.
Je remercie également monsieur le ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Que n'ai-je pas entendu au moment de la nomination de M. Denormandie à ce poste ! Certains se demandaient ce qu'il pourrait bien y faire. Eh bien, je dois confier mon étonnement : il est très bon. Il ne dispose pas de beaucoup d'argent mais il essaie d'agir.
Voici ce que m'inspirent les propos de notre excellent collègue Dominique Potier, l'un de ceux qui, parmi nous, appréhende le mieux ces problèmes si complexes.
Avant d'en venir au problème des cantines, il faut prendre conscience de l'état de l'agriculture, ou de ce qu'il en reste. Mon frère, qui a cinq ans de moins que moi – il est encore un peu jeune – , n'y arrive plus du tout, depuis déjà longtemps. Et encore, lui qui a subi quatre pontages se déplace dans toute la France pour vendre ses produits. Mais il n'y arrive plus.
Sa fille vient de s'installer avec son compagnon dans le village où l'on ne compte plus que deux agriculteurs alors que j'en avais installé trente, certes il y a déjà quarante ans. Cependant, à cause des tonnes de courriels qu'elle doit écrire, leur projet d'installation n'avance pas, il en est au même stade qu'il y a trois ans si bien qu'elle commence à se demander s'ils vont tenir le coup, d'autant plus que les amis qui les accompagnent sont eux aussi fatigués, blasés, ils n'en peuvent plus. C'est terrible mais c'est ainsi. C'est la vie. Ils s'en vont.