Voilà qui est intéressant, monsieur le ministre : nous nous retrouvons sur les constats et les grands enjeux, comme sur la question du carbone, celle de l'eau mais, dès que vous commencez à présenter des solutions, je ne suis plus du tout d'accord. Vous venez de le dire vous-même : la forêt est un écosystème complexe. Savez-vous combien de temps il faut pour créer un centimètre carré de sol forestier ? Une centaine d'années. Savez-vous ce qu'est Hannibal T 50 ? C'est la plus grosse abatteuse de France, elle se trouve dans le Morvan et pèse 50 tonnes. Vous imaginez-vous un sol forestier labouré par une machine de 50 tonnes ? Il y a évidemment des conséquences pour les sols et pour les eaux. Les sols sont compactés et le carbone qu'ils contiennent est libéré – comme vous le savez, la plupart du carbone ne se trouve pas dans les arbres, mais bel et bien dans le sol.
L'approche qui consiste à espérer que telle essence sera plus ou moins résiliente est totalement erronée. On aurait pourtant pu se référer à des exemples historiques : le Fonds forestier national promouvait, par exemple, à une certaine époque, l'idée de planter partout de l'eucalyptus, avant qu'on ne se rende compte que cet arbre gelait et qu'il était particulièrement sensible aux incendies.
Finalement, les forêts les plus résilientes aux événements extrêmes sont les forêts les plus anciennes et les plus diversifiées. Ne faisons surtout pas l'erreur de croire que nous savons tout et que la solution viendra de l'essence absolue ou de deux essences absolues ! C'est ce qui se produit en ce moment à certains endroits, alors qu'il faudrait éventuellement enrichir les forêts, mais surtout faire de la régénération naturelle et éviter de détruire les sols et les cours d'eau.