Cette année encore, le projet de budget présenté par le Gouvernement pour la mission « Défense » est en hausse. Il s'élève à 39,2 milliards d'euros en crédits de paiement, soit une augmentation de 4,5 % et de 1,7 milliard d'euros. Avec 21 milliards d'euros demandés en autorisations d'engagement et 13,6 milliards d'euros en crédits de paiement, le programme 146, « Équipement des forces », bénéficie de l'essentiel de cette hausse puisqu'il capte près de 65 % des nouveaux crédits.
L'effort consenti par la nation en faveur de la défense est d'autant plus remarquable qu'il s'inscrit dans un contexte budgétaire contraint en raison de la crise sanitaire qui frappe le monde et de ses conséquences économiques. C'est donc fort logiquement que la commission de la défense nationale et des forces armées a émis un avis favorable à l'adoption des crédits de la mission « Défense ».
Avant d'évoquer les crédits inscrits pour l'année prochaine, permettez-moi un mot sur l'année en cours.
Dès le début de la crise, le ministère des armées s'est mis en ordre de bataille, en lien avec les industriels, afin de limiter au maximum son impact sur la conduite des programmes d'armement. En définitive, l'année 2020 a donc été celle d'un programme de réarmement de grande ampleur, conformément à l'engagement du Président de la République et aux dispositions de la loi de programmation militaire. D'importants jalons ont également été posés en matière de préparation de l'avenir : je pense notamment au lancement de la campagne d'essais en mer du Suffren, ainsi qu'au tir d'essai du missile M51. Des retards sont inévitables, mais ils seront contenus et seront tous résorbés d'ici à la fin de l'année prochaine.
Enfin, je n'oublie pas que le ministère des armées a bénéficié des mesures de relance : je pense notamment aux anticipations de commandes aéronautiques, annoncées en juin dernier pour un montant de 600 millions d'euros, et ce grâce à votre détermination, madame la ministre. Nos efforts seront poursuivis en 2021.
Les crédits du programme 146 permettront de poursuivre la remontée en puissance capacitaire de nos armées. Je signalerai notamment la commande des premiers Guépard, la livraison de nombreux aéronefs et matériels terrestres du programme Griffon, ainsi que d'une FREMM. Dans le domaine spatial, un satellite CSO – composante spatiale optique – et un système de satellites CERES – capacité d'écoute et de renseignement électromagnétiques spatiale – seront livrés. Ne pouvant être exhaustif faute de temps, retenons simplement que 2021 sera une année faste pour l'ensemble des systèmes de forces. La LPM et le PLF constituent des plans de relance à part entière : reconnaissons-le, réjouissons-nous-en et rappelons-le à celles et ceux qui semblent l'oublier !
Cela étant dit, il faudra rester vigilant à l'égard de nos entreprises stratégiques, en particulier des PME et PMI. C'est à elles que j'ai consacré une grande partie de mon rapport. Elles constituent l'essentiel du tissu industriel de la BITD – base industrielle et technologique de défense – , composé d'environ 4 000 entreprises employant quelque 200 000 personnes. Or, nous le constatons tous chaque jour dans nos territoires, elles ont été durement frappées par la crise.
L'ampleur de la crise et son inscription dans la durée s'expliquent par la conjugaison de deux facteurs, parfaitement décrits dès le printemps dernier par notre présidente, Françoise Dumas : d'une part, la contraction de la demande nationale et l'absence de reprise du trafic aérien ; de l'autre, l'absence de reprise des marchés d'exportation. La réponse apportée par l'État a été forte et efficace, avec notamment le dispositif renforcé d'activité partielle et les prêts garantis. Tous les acteurs que j'ai rencontrés ont également salué l'action volontariste du ministère des armées, en particulier celle de la « task force » de soutien à la BITD.
Mais, face à l'ampleur de la crise, veillons à maintenir nos efforts dans la durée. Il faudra trouver les moyens de relancer l'export, alors que certains de nos compétiteurs profitent de notre absence pour ravir des marchés, et répondre au défi du financement de l'industrie de défense face à la timidité de certaines banques.
Afin de remédier au morcellement du tissu industriel stratégique, il semble opportun d'accompagner un mouvement de consolidation de nos entreprises. Ce faisant, nous contribuerions à les renforcer face aux appétits voraces de certains de leurs concurrents. Il y va aussi du maintien de notre souveraineté.