Avec 39,2 milliards d'euros, en augmentation de 4,5 % par rapport à 2020, le budget des armées pour 2021 est satisfaisant et sérieux. Le groupe UDI et indépendants approuve évidemment cette augmentation de 1,7 milliard et se réjouit que la loi de programmation militaire ne soit finalement pas révélée qu'un pur exercice de poésie. Après le mouvement des gilets jaunes, les contestations de la réforme des retraites et la crise de la covid-19, le Gouvernement aurait pu avoir la tentation, comme cela a été si souvent fait par le passé, de se servir des armées comme d'une variable d'ajustement. Or cela n'a pas été le cas, à tout le moins en ce qui concerne les deux missions qui nous réunissent. Alors que la tempête fait rage, le Gouvernement a décidé de maintenir le cap, et nous saluons cette décision courageuse.
Je ne reviendrai pas sur l'ensemble des qualités de ce budget, mais je souhaite néanmoins en souligner quelques-unes. Le budget 2021 concourra à l'amélioration des conditions de travail, de vie et d'équipement des soldats ; c'est le minimum que nous leur devons. L'année 2021 sera aussi celle de l'application de la nouvelle politique de rémunération des militaires, avec un dispositif renforcé d'indemnisation de mobilité géographique. Sur ce point je souhaite vous alerter, madame la ministre, sur l'inégalité qui persiste à l'égard des soldats originaires du Pacifique quant à la prime d'installation en métropole. Cette situation dure depuis trop longtemps et n'est absolument pas à la hauteur du dévouement et de l'amour que portent ces soldats à la patrie. Les députés Philippe Dunoyer, Philippe Gomès et Nicole Sanquer ont déposé un amendement en ce sens et espèrent qu'il sera adopté ou, a minima, qu'il sera suivi d'engagements de la part du ministère.
Sur le plan capacitaire, le groupe UDI et indépendants salue la livraison de nombreux équipements, ainsi que les différentes commandes prévues en 2021. Il s'agit ici de signes visibles et concrets de la remontée en puissance des armées.
Si tous ces éléments vont dans le bon sens et doivent être salués, notre groupe regrette toutefois que la défense soit la grande oubliée du plan de relance. Certes, des mesures de ce plan bénéficieront à l'industrie de la défense : les crédits destinés aux technologies spatiales duales ou la baisse des impôts de production. Certaines commandes ont été anticipées pour soutenir le secteur de l'aéronautique et plusieurs entreprises bénéficient déjà de mesures de remédiation. Pour autant, est-ce que cela sera suffisant ? Nous regrettons que le Gouvernement n'ait pas profité de la crise pour investir encore plus intensément dans ce secteur d'excellence, garant de notre autonomie stratégique et constituant l'un des meilleurs investissements pour l'État d'un point de vue économique, social et budgétaire.
Face à cette situation critique, le groupe UDI et indépendants a défendu un amendement en ce sens lundi dernier, dans le cadre de la mission « plan de relance » ; il a été aussitôt balayé d'un revers de la main, comme si ce sujet n'existait pas. Il ne s'agit pourtant pas d'une simple vue de l'esprit, comme le prouve la mission flash des députés Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot, de même que la proposition de résolution européenne que nous examinerons le 3 novembre prochain en commission de la défense.
Chez moi, dans le bassin d'Albert-Méaulte, fief historique de l'aéronautique dans la Somme, les sous-traitants d'Airbus encaissent de plein fouet la crise. Des suppressions de postes sont d'ores et déjà annoncées : 290 dans l'entreprise Stelia Aerospace, d'autres dans la société AAA et chez divers sous-traitants. Au total, 339 suppressions d'emplois concernent le site de Méaulte, et ce, dans un département déjà durement touché par la restructuration des sucreries.
Tous les jours, le contexte géopolitique nous prouve malheureusement que la diplomatie et le verbe mesuré laissent peu à peu la place aux phrases insensées, aux faits guerriers, à la politique du fait accompli ainsi qu'à une utilisation désinhibée de la force. Alors que le monde s'assombrit, que les conflits gagnent en complexité et que les zones d'affrontements se multiplient aux portes de l'Europe, notre groupe espère que cette occasion manquée ne viendra pas compromettre les efforts déployés par le Gouvernement en matière de défense depuis le début du quinquennat, ni même nos capacités à nous défendre et à faire respecter nos intérêts.
S'agissant de la mission « Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation », même si le budget diminue de 70 millions, le groupe UDI et indépendants estime qu'en raison du contexte économique particulièrement contraint et de l'éclaircissement malheureux des rangs de nos anciens combattants, il demeure satisfaisant. Les droits en faveur des anciens combattants et de leurs ayants droit sont maintenus et même étendus dans certains cas ; nous nous en réjouissons. Notre groupe demeurera particulièrement vigilant quant aux travaux de la commission tripartite prévue au dernier trimestre 2020 ; elle doit examiner l'évolution du point de pension militaire d'invalidité, que nous appelons de nos voeux.
Malgré les regrets et les points de vigilance évoqués, le groupe UDI et indépendants salue le travail du Gouvernement et votera les crédits de ces deux missions.