Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du lundi 2 novembre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Santé ; solidarité insertion et égalité des chances

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Je suis content de retrouver cette assemblée après deux semaines d'isolement contraint mais nécessaire, pour débattre de surcroît d'une mission qui prend toute son importance dans la crise que nous traversons.

Je suis député de la Seine-Saint-Denis, département où la misère est si grande et où la crise a frappé si fort que le préfet en personne a parlé de risque de famine. Une représentante de l'association Médecins du Monde a témoigné avoir dû déployer des dispositifs similaires à ceux utilisés dans les pays les plus pauvres.

On aurait pu croire que la réalité était si criante qu'au sommet de l'État, la sonnette d'alarme aurait été tirée et que dans ce nouveau budget, on aurait pris en compte le fait qu'un million de personnes sont en train de plonger sous le seuil de pauvreté à cause de la crise sanitaire et sociale. On aurait pu croire que vous auriez compris que les collectifs de citoyens et les associations n'en pouvaient plus d'avoir à supplanter l'État et de voir les files d'attente s'allonger devant les distributions de produits alimentaires. Mais, comme chaque fois que j'espère vous voir retrouver un peu de bon sens, je reste bouche bée face à des choix que je continue à considérer comme catastrophiques.

En l'occurrence, vous n'apportez dans ce PLF aucune solution réelle. Vous vous permettez même de diminuer des budgets aussi essentiels en cette période que celui de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances ». Cette mission, qui perd plus de 163 millions d'euros, c'est notamment celle de la lutte contre la pauvreté, de la protection de l'enfance, de l'aide aux personnes handicapées. L'action consacrée à l'aide alimentaire perd, à elle seule, 8 millions d'euros au moment où la faim, je viens de le dire, s'étend gravement dans le pays et où les files d'attente sont plus longues que jamais.

Comment est-ce possible, comment a-t-on pu en arriver là ? Dans combien de bureaux sont passés ces documents sans que personne ne s'en offusque, sans que personne ne rappelle aux dirigeants la réalité de la crise, qu'on ne peut résoudre avec une simple augmentation de 158 euros des minima sociaux ?

Lorsque je vous ai posé une question sur la pauvreté lors d'une séance de questions au Gouvernement, monsieur le ministre, je me suis entendu répondre que le plus important, c'était la politique qui allait être mise en oeuvre pour préserver l'emploi. Pour les gens dont je parle, il ne s'agit pas d'attendre un hypothétique succès de cette politique, dont je doute, mais de savoir comment nous résolvons aujourd'hui leurs difficultés concrètes.

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