Comment ne pas leur donner raison lorsqu'en décidant de fermer tous les commerces de proximité, qui sont le coeur battant de nos territoires, vous créez une rupture manifeste d'égalité au bénéfice d'Amazon et des grandes surfaces, avant d'interdire après coup à ces dernières de vendre des produits non essentiels ?
La question est donc bien celle-là : comment avoir confiance, alors que vous nous demandez de proroger cet état d'urgence sanitaire, urgence sanitaire que vous peinez toujours à anticiper et à maîtriser, agissant trop souvent à contrecoup ? Le Gouvernement nous demande une nouvelle fois un blanc-seing, lui qui, avec sa majorité, rabote chaque semaine davantage les pouvoirs du Parlement par un recours aux ordonnances inédit par son ampleur ; lui qui, loin de vouloir trouver un consensus, préfère ignorer les propositions du Sénat et passer en force.
Si les conditions sanitaires imposent des mesures fortes, elles n'empêchent nullement la cohérence de reconnaître ses erreurs pour en tirer des enseignements salutaires et augmenter une acceptabilité qui commence à faire cruellement défaut. Il nous faut rapidement revenir au bon sens du terrain qu'incarnent ces élus locaux qui ne sont ni des supplétifs ni des auxiliaires de l'administration, toujours là quand vous avez besoin d'eux et pourtant si peu considérés lorsqu'il s'agit d'exécuter des ordres venus de Paris.
Oui, les Français, comme nous tous je crois, comprennent l'urgence et la gravité de la situation mais celle-ci impose plus que jamais vérité et responsabilité.