La crise sanitaire a des conséquences douloureuses en outre-mer, tant pour l'économie et pour l'emploi que pour les conditions de vie. Les inquiétudes de nos concitoyens ultramarins sont très fortes et l'évolution de la situation, à court et moyen terme, est une préoccupation de chaque instant.
Les économies ultramarines doivent faire face à des fragilités structurelles préexistantes, liées à l'insularité, à l'éloignement et à l'enclavement. De plus, comme vient de le dire notre collègue, la structure du tissu entrepreneurial ultramarin, composé à 95 % en moyenne de TPE et de PME, renforce la vulnérabilité de ces économies. C'est pourquoi le budget de crise consacré à l'outre-mer doit être à la hauteur ; c'est bien le cas de celui que vous nous proposez.
Dans le projet de loi de finances pour 2021, les dépenses pour l'outre-mer irriguent une grande partie du budget général de l'État, à hauteur de 12 % : l'effort financier est conséquent. Les autorisations d'engagement progressent de plus de 160 %, afin de permettre, entre autres, un soutien renforcé au logement et aux constructions scolaires. C'est indispensable, car le logement social en a particulièrement besoin. L'offre est nettement insuffisante au regard de la demande : la forte croissance démographique dans certaines collectivités, ainsi que l'évolution des modes de vie et de la structure des ménages, rendent indispensables un effort financier conséquent en faveur d'un logement social plus dense.
Il est également nécessaire de préserver et de renforcer la qualité de l'habitat existant. Plus largement, l'action relative au logement affiche des autorisations d'engagement de plus de 224 millions d'euros, soit une hausse de 8,7 %, ce qui constitue une bonne nouvelle. Cependant, comme l'a dit en commission notre collègue Justine Benin, députée de Guadeloupe, nous devons tous être vigilants pour que ces crédits soient pleinement exécutés, car nos concitoyens ultramarins attendent de l'État et des collectivités une action forte sur le logement.
Parmi les autres axes prioritaires qui seront concernés par les moyens supplémentaires mobilisés pour 2021, se trouve l'éducation. Les moyens seront portés en particulier sur les constructions scolaires, notamment à Mayotte et à Wallis-et-Futuna ; ces nouveaux crédits, ajoutés aux enveloppes déjà mobilisées, représenteront en 2021 un total sans précédent de plus de 137 millions d'euros pour engager de nouveaux investissements en la matière. Cet effort important est bienvenu, car l'accès à l'éducation passe aussi par des infrastructures scolaires en nombre suffisant et de qualité.
Il faut aussi encourager l'accès à une qualification professionnelle et à des processus d'insertion. Le taux de chômage des jeunes est particulièrement élevé dans les territoires et collectivités d'outre-mer, et la mission « Outre-mer » renforce son soutien à l'insertion et à la qualification. Mais comment y parvenir véritablement quand les activités de formation sont à l'arrêt ou fonctionnent au ralenti, quand les stages sont introuvables, quand l'emploi est encore moins au rendez-vous qu'avant ? À titre d'exemple, le taux global d'insertion des régiments du service militaire adapté a chuté de 8 points sur les quatre premiers mois de l'année 2020.
Au bout de la chaîne de formation se trouve l'emploi. L'essentiel des crédits de la mission est destiné à l'amélioration de l'emploi et de la compétitivité des entreprises ultramarines, notamment grâce à l'allégement de cotisations patronales. Les moyens budgétaires prévus pour ce dispositif sont en hausse de 6,6 % par rapport à 2020, et représentent 1,5 milliard d'euros. C'est un levier important, qui vient soutenir une économie ultramarine composée de nombreuses petites entreprises, moins résistantes à un choc économique d'une telle ampleur et d'une telle durée. Par exemple, sur l'île de La Réunion, depuis le début de la crise sanitaire, les entreprises ont considérablement réduit leurs embauches, et 4 300 emplois ont été détruits.
Nous devons également avoir à l'esprit l'importance du secteur informel qui, dans certains territoires, exclut de nombreuses activités des dispositifs d'aide et fait peser un risque accru d'appauvrissement sur les populations qui en vivent. Cela signifie que le Gouvernement doit impérativement renforcer les actions susceptibles d'apporter davantage de solidarité et de cohésion sociale.
Monsieur le ministre, mes chers collègues, le groupe MoDem et démocrates apparentés accueille favorablement les crédits présentés dans la mission « Outre-mer ».