Ce constat m'incite à vous dire, monsieur le ministre, qu'il faudrait que nous puissions modifier notre manière d'aborder l'étude de ces budgets à l'Assemblée nationale. Il serait bon que nous ayons un temps vraiment particulier qui nous permette de passer en revue tous ces domaines car, chaque fois, nous sommes frustrés du peu de temps dont nous disposons.
Pour en venir aux crédits de la mission, il est vrai qu'ils sont stables, voire en augmentation, ce qui est un motif de satisfaction. Cela étant, nous ne traitons ici que de 10 % des montants totaux alloués aux outre-mer, ce qui donne une vision partielle.
Pour ma part, je ferai le lien avec le projet de loi de finances exceptionnel, reflet d'une période exceptionnelle, et au plan de relance de 100 milliards d'euros, dont 1,5 milliard d'euros dédiés aux territoires d'outre-mer.
Nous voyons bien se dessiner une stratégie autour de trois sujets : écologie, cohésion des territoires et compétitivité. Je me réjouis de la visibilité des crédits liés à l'environnement, aux enjeux d'aménagement et de transition écologique : 50 millions d'euros pour la rénovation des réseaux d'eau et d'assainissement ; 50 millions d'euros pour les normes antisismiques des bâtiments ; 80 millions d'euros pour la transformation agricole.
Nous saluons ces orientations qui vont dans le bon sens, mais nous ne pouvons nous abstenir de parler de la situation réelle de nos territoires, qui sont vraiment en crise. Nous sommes très inquiets.
Il est vrai que cette crise est exceptionnelle. Comme nous le disait le Premier ministre la semaine dernière, jamais depuis un siècle et la vague épidémique de la grippe espagnole, la France, l'Europe et le monde n'avaient été confrontés à une crise sanitaire aussi grave et dévastatrice que celle que nous traversons depuis près de dix mois.
Nos territoires vivent cette crise d'une manière exacerbée compte tenu de leurs handicaps structurels : surcoûts très importants ; un taux de pauvreté qui, comme je le disais lundi au ministre de la justice, est de quatre à huit fois supérieur à celui de l'Hexagone ; un coût de la vie de 40 % plus élevé.
Si vous ajoutez à cela la faiblesse des services locaux, de l'ingénierie, vous obtenez une situation où il est parfois impossible d'engager les crédits disponibles, ce qui constitue un handicap majeur. Dans ce contexte, je crains que l'on manque de visibilité sur la territorialisation du plan de relance. Si nous avons du mal à dépenser les crédits classiques, qu'en sera-t-il de ceux provenant du plan de relance ? Il est pourtant évident – tous les ministres ici présents l'ont dit – que pour réussir ce plan de relance, il faut pouvoir agir vite et dépenser rapidement, afin de réoxygéner nos économies.
Je voulais vous sensibiliser sur ce sujet, monsieur le ministre. Peut-être y travaillez-vous déjà ? Quoi qu'il en soit, nous pourrions monter une task force pour être vraiment aux côtés de nos territoires et les aider à lancer rapidement tous ces projets. Vous avez demandé à ces collectivités d'identifier les projets qui peuvent être opérationnels très rapidement. Comment peut-on les lancer sans tarder ?
En ce qui concerne la Polynésie, je tiens à appeler votre attention sur deux points majeurs, en commençant par le tourisme et le transport aérien.
Notre compagnie aérienne, Air Tahiti Nui, a obtenu un PGE. En revanche, dans nos territoires, nous n'avons pas bénéficié de l'ensemble des mesures de chômage partiel.
Nous sommes dans une phase exceptionnelle, a dit le Premier ministre. En temps normal, nous avons notre statut d'autonomie. Néanmoins, ne nous méprenons pas : l'État peut soutenir l'ensemble de nos compétences, sans le moindre frein puisque notre loi organique le prévoit.
S'agissant de solidarité, je voulais d'abord vous remercier de tout ce qui a été fait pour soutenir nos entreprises et nous aider sur le plan sanitaire. Mais qu'en est-il de la contractualisation des conventions en projet : contrat de développement et de transformation, conventions « santé et solidarité » et « abris de survie » ? Pouvez-vous nous indiquer très clairement quand et où vont émarger budgétairement ces conventions ?