Monsieur le ministre, par ma voix, cette question vous est posée, avec sa verve habituelle, par mon collègue Jean-Philippe Nilor.
Partout dans le monde, la pandémie bouscule les systèmes établis, ainsi que les modes d'organisation et de contrôle social les plus tenaces, suscitant une refondation totale des politiques publiques. Pourtant, nos territoires s'enlisent inexorablement dans une gestion de crise déconnectée des réalités locales, qui suit un logiciel suranné. Les solutions, pensées dans les cabinets parisiens et catapultées depuis Paris, ignorent les expertises locales. Les décisions inadaptées, voire erratiques, sont prises prétendument entre notre faveur, pour notre bien mais, hélas, sans aucune concertation avec nous.
En témoignent les initiatives récentes visant à modifier rétroactivement les contrats de vente d'électricité photovoltaïque avant 2011, ainsi que la création d'un octroi de production aux secteurs de l'optique et de la boulangerie, qui viendra paradoxalement augmenter les prix, pénaliser la production locale et favoriser l'importation.
Les mesures d'adaptation proposées par les élus de terrain que nous sommes sont systématiquement rejetées d'un revers de main. Tel fut le sort réservé aux deux amendements ô combien légitimes que j'ai défendus à l'occasion du vote du PLFSS pour 2021. Ils tendaient à l'adoption d'un plan d'apurement des dettes fiscales et sociales des entreprises, relayé et soutenu par des députés de tous bords, y compris du vôtre, et pour la création d'un fonds d'accompagnement dédié aux TPE dans les territoires ruraux ultramarins, indispensable dans ce contexte de crise aggravé. Exit, donc, les principaux acteurs économiques, travailleurs indépendants et dirigeants de TPE.
Doivent-ils se résigner à disparaître en silence ? Quid du personnel de santé, soigneusement oublié ? Quid de la population, préoccupée par le nombre de victimes de la seconde vague épidémique ? Pourtant, ces territoires que vous dites d'« outre-mer » ont des experts et autres intelligences ayant étudié dans les meilleures universités de France et d'ailleurs. Leurs propositions méritent donc plus d'égards et de respect.
Monsieur le ministre, acteurs économiques et députés d'outre-mer sont-ils trop incompétents pour être écoutés dans la gestion de cette crise ? Quand sortirez-vous enfin de cette vision coloniale, caricaturale, selon laquelle Paris doit décider de tout pour nous ?