Sur le logement à La Réunion, nous savons à peu près tout des besoins immenses, des objectifs chiffrés et actualisés, des difficultés récurrentes pour les tenir, de l'inquiétant retard des mises en chantier et du nouveau défi de la réhabilitation. Nos concitoyens nous rappellent chaque jour les conséquences, sur leur existence, de cette tension locative qui ne diminue pas et qu'ils subissent parfois de génération en génération.
Je souhaite mettre l'accent sur deux publics particuliers, dont la situation a été longtemps un point aveugle des politiques du logement et enregistre donc un retard encore plus considérable.
Commençons par les personnes âgées dépendantes etou en situation de handicap. La Réunion est l'une des régions les plus jeunes de France, mais sa population vieillit vite. Dans seulement vingt ans, les plus de 65 ans représenteront le quart de la population. Même si le maintien à domicile des personnes âgées a été de tout temps privilégié, on ne peut qu'être frappé par la faiblesse de l'hébergement collectif, dont l'offre y est trois fois plus faible qu'au niveau national. Au nombre de vingt-trois, les structures agréées de type EHPAD ne comptent que 1 570 places. Cette pénurie a laissé prospérer des structures clandestines, caractérisées par la maltraitance et par des conditions d'hébergement indignes, lesquelles ont été dénoncées récemment. Longtemps tolérées, ces pensions marrons ne doivent plus être la variable de compensation d'une offre défaillante. L'enjeu est de répondre aux besoins actuels et à la forte demande à venir. Un fonds spécifique dédié à ces modes d'habitat ne pourrait-il pas être créé pour répondre à un objectif si particulier et tellement vital ?
Du côté des étudiants, les besoins sont immenses, puisque le nombre de chambres universitaires ne peut satisfaire que 10 % des demandes. La pression est encore plus forte cette année, où l'université de La Réunion a enregistré le nombre record de 1 300 inscriptions supplémentaires, soit l'équivalent de quatre années d'augmentation des effectifs. La simple déclinaison du plan national 60 000 logements étudiants, lui-même déjà mis à mal, ne saurait constituer la seule solution. Il est urgent d'aller au-delà, tant le logement étudiant est l'une des clés de la réussite universitaire, surtout pour nos jeunes les plus modestes, qui sont aussi les plus nombreux.