Vous me permettrez, madame la députée, de passer par vous pour répondre à M. Serville.
Si l'on fait de la politique politicienne, on peut évidemment se servir des effets visuels que constituent les AE et CP pour dire que le budget diminue. Si l'on regarde plus tranquillement et plus sereinement le budget du logement dans les outre-mer, on comprend mieux pourquoi les crédits sont rendus. Cette année, mon ministère a dû restituer 75 millions d'euros au budget de l'État par défaut de consommation des crédits, particulièrement sur le logement.
Nous n'allons pas nous raconter d'histoires. Pour bien connaître la Guyane, nous savons que, si les projets de logement avancent lentement, c'est pour trois raisons.
Cela peut tenir, d'abord, à des problèmes de gouvernance, car, entre les collectivités territoriales et les décideurs, la situation peut être compliquée. Vous en savez quelque chose à La Réunion : il peut être difficile d'asseoir tout le monde à la même table, et la faute – pardon de le dire très tranquillement – n'en incombe pas au Gouvernement.
Deuxième cause possible : l'ingénierie. Dans ce cas, tout le monde en porte la responsabilité. Contrairement à ce qu'a laissé entendre M. Nilor par la voix de M. Brotherson, ce n'est pas une question d'intelligence. Cela tient seulement au fait que, dans les outre-mer, l'adaptation des normes est particulièrement complexe. Ces normes, ce n'est pas moi qui les ai inventées un matin, mais le Parlement qui les a votées au fil des années, durant dix, quinze, voire vingt ans. Quand on veut à la fois protéger l'environnement, éviter de consommer les terres agricoles et respecter le littoral, il est nécessairement plus difficile de construire. Reste à savoir comment conjuguer ces normes.
La troisième raison possible – notamment en Guyane et à Mayotte – est le repérage du foncier. C'est ce qui explique que, dans le présent budget, nous abondions les EPF – établissement publics fonciers – de Guyane et de Mayotte. De fait, un travail colossal de remembrement foncier est nécessaire en amont de la construction. À La Réunion, compte tenu de la topographie, de l'histoire, de l'héritage et de l'organisation des collectivités territoriales, il est plus facile de procéder à des réhabilitations.
En somme, si l'on fait de la politique politicienne, il y a un problème d'AE et de CP ; si l'on veut vraiment avancer, il y a des solutions et de l'argent dans ce budget.