Monsieur Mathiasin, je ne voudrais pas laisser un malentendu s'installer. Si je partage votre avis quant aux objectifs, je pense que nous avons dépassé le stade des discours et des mots et que nous sommes aujourd'hui en phase d'exécution. Les propos tenus lors des interventions liminaires m'ont semblé converger, en dépit des différences de sensibilités politiques : la question ne porte pas tant sur le fond que sur les modalités et la date de mise en oeuvre. Nous avons eu un débat intéressant hier soir sur le logement, au cours duquel MM. Letchimy et Naillet nous ont fait part de spécificités locales. Je crois sincèrement que nous cherchons tous à bien faire et que la vraie question concerne désormais la mise en oeuvre concrète. Je ne m'attache pas pour ma part à des notions comme celle d'égalité réelle, car il m'a semblé, lorsque j'étais élu local ou assistant parlementaire, qu'en passant des heures à choisir les bons mots, on s'éloignait des attentes de nos concitoyens. Comme vous le savez, ce qu'ils veulent, c'est de l'eau au robinet !
Je vous propose que ma feuille de route jusqu'à la fin du quinquennat, en tant que ministre des outre-mer, s'intéresse plus aux modalités concrètes d'action qu'aux éternels grands débats qui ont largement épuisé la patience de nos concitoyens, quels qu'ils soient, au cours des dernières années : comment fait-on pour construire des logements, par exemple, dès lors que les crédits ont été débloqués ? De la même façon, concernant le plan de relance, nous savons tous – vous me pardonnerez ma franchise – que le véritable enjeu est de parvenir à dépenser le montant d'1,5 milliard d'euros alloué à la relance de l'économie en outre-mer dans les délais impartis. Je propose une méthode pragmatique, qui n'est sans doute qu'une méthode d'élu local et qui vaut ce qu'elle vaut. Certains d'entre vous ont été maire, adjoint au maire, président d'intercommunalité ou de conseil général ; c'est dans la dynamique de cette action locale que je souhaite m'inscrire, sans me tourner vers le passé.
Enfin, il est vrai que je renvoie souvent aux compétences des différents acteurs. En effet – et c'est encore en tant qu'élu local que je vous parle – , je considère que la mise en oeuvre, après la décolonisation, de mouvements de décentralisation très ambitieux pour les territoires d'outre-mer, fondés sur la confiance dans les élus locaux, était la meilleure chose à faire : ces mouvements encouragent la responsabilité locale, qui soutient la véritable émancipation politique, économique et intellectuelle. C'est une marque de confiance. Je préfère aider les élus locaux à exercer leurs compétences plutôt que de prendre la main depuis Paris, au travers du PLF, en niant ces compétences. Nous n'irions pas dans le sens de l'histoire en agissant ainsi.