Sur les violences faites aux femmes, un effort financier important est inscrit dans le budget des outre-mer depuis 2017, avec 1 million d'euros. Je tiens d'ailleurs à la disposition des parlementaires la liste des associations engagées sur ces sujets, qui font un travail remarquable.
Si, monsieur Gérard, vous avez évoqué d'emblée la lutte contre la haine anti-LGBT, c'est parce que c'est là qu'il y a le plus de faiblesses. Tout d'abord, on ne peut pas parler de ces dispositifs dans « les » territoires d'outre-mer, mais il faut désormais parler au cas par cas car, comme M. Serva l'a dit, des initiatives ont été prises, en Guadeloupe, par exemple, avec la ligne d'écoute, et cela avance bien, tandis qu'en Guyane on constate un retard très important du maillage associatif, notamment dans la lutte contre l'homophobie. La réponse doit donc être définie territoire par territoire, compte tenu des aspects culturels et sociaux parfois très différents, voire d'une omerta qui existe encore – il faut savoir nommer les choses clairement, sinon il n'y aura jamais d'émancipation ni de protection pour nos concitoyens qui entendent être libres et protégés pour vivre leur homosexualité ou leur bisexualité.
La première des choses, et nous y travaillons avec la ministre Élisabeth Moreno, c'est de repasser par les voies régaliennes. Avant même l'accompagnement associatif, nous devons réaliser un travail important de sensibilisation des parquets et des officiers de police judiciaire. Trop de violences verbales et physiques, sont aujourd'hui passées sous silence : des jeunes hommes et des jeunes femmes ont du mal à porter plainte dans des commissariats ou des gendarmeries d'outre-mer après avoir été victimes d'une violence homophobe. C'est un retard dramatique, scandaleux, épouvantable, qui doit tous nous mobiliser et à propos duquel le ministre de l'intérieur, le garde des sceaux, et moi-même avons formulé des instructions. Nous le ferons à nouveau, notamment à la faveur de déplacements ministériels à venir, pour que l'autorité judiciaire se montre à l'écoute. Ces violences font parfois l'objet – pour dire les choses de manière diplomatique – d'une minoration culturelle ou globale très préoccupante.
Nous avons aussi, vous avez raison de le dire, un devoir important d'accompagnement des structures associatives dans ces territoires. Je souhaite qu'en Guyane le rattrapage s'accomplisse désormais très vite. Jusqu'à présent, les choix budgétaires ont plutôt consisté à faire porter la question de l'égalité homme-femme par le budget du ministère des outre-mer et la lutte contre la discrimination anti-LGBT par celui de la DILCRAH.
Je vous propose de retirer ces amendements, mais pas pour différer l'action à un lendemain lointain : je veux au contraire, en lien avec la DILCRAH, qui est particulièrement mobilisée sur ces sujets, que nous commencions très rapidement à travailler à une stratégie territoire par territoire. Les questions se posent différemment selon l'étendue d'un territoire – que l'on compare, par exemple, la Guyane à des territoires plus petits. De même, plus le poids de la religion ou de la coutume se fait sentir, plus il est difficile de libérer la parole. Il faut donc une stratégie au cas par cas, comme je l'ai évoqué en Nouvelle-Calédonie, où vivre son homosexualité dans des tribus est parfois difficile et peut même donner lieu à des situations violentes. Il faut avancer et, pour cela, se donner des indicateurs chiffrés.
Un des problèmes qui se posent est que ce sont les associations établies dans l'hexagone qui répondent aux appels à projets : s'il s'agit d'une bonne nouvelle en ce que qu'elles disposent souvent du savoir-faire et de l'ingénierie nécessaires, le travail en outre-mer présente cependant des spécificités qui requièrent un accompagnement particulier.
Nous n'avons pas à rougir de ce qui a été fait depuis 2017, et même avant, et nous observons des mouvements, notamment sur le terrain culturel, mais nous allons désormais aborder la dernière ligne droite, le dernier kilomètre, avec notamment un rattrapage nécessaire pour certains territoires, qu'il ne s'agit évidemment pas de stigmatiser.
Voilà, monsieur le député, une réponse très complète sur vos deux amendements. Je salue, une fois, encore, votre engagement et votre détermination, qualités dont il faut faire preuve en abordant ces questions.