Intervention de Marie-Christine Verdier-Jouclas

Séance en hémicycle du jeudi 5 novembre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Travail et emploi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Christine Verdier-Jouclas, rapporteure spéciale de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Quand j'ai entamé mon mandat en 2017 et que j'ai été nommée commissaire aux finances, j'étais fière de devenir rapporteure spéciale du budget « Travail et emploi ». En effet, le travail et l'emploi constituaient un enjeu majeur du quinquennat, après avoir été un axe important de la campagne électorale.

Il fallait réduire le taux de chômage : notre ambition était de descendre sous le seuil de 7 % de chômeurs à la fin du quinquennat. Le taux de chômage s'établissait alors à 9,3 %. Une stratégie, une politique de l'emploi a donc fixée. Qu'avons-nous fait exactement ? Nous avons d'abord lancé le PIC – plan d'investissement dans les compétences – , doté de 15 milliards d'euros et faisant l'objet d'une contractualisation avec les régions, nécessaire pour sa réussite. Nous avons aussi réformé la formation professionnelle pour mieux accompagner les demandeurs d'emploi. Nous avons dynamisé l'ensemble des outils de l'insertion par l'activité économique – IAE – dans l'ensemble des structures – entreprises d'insertion, associations intermédiaires, ateliers et chantiers d'insertion, entreprises adaptées – en changeant la méthode et les objectifs. Alors qu'auparavant un salarié entrant dans une entreprise adaptée y restait pour toute sa carrière, nous avons souhaité, grâce à l'accompagnement et à la formation, lui donner une chance d'intégrer une entreprise dite classique.

Pour les jeunes, nous avons réformé l'apprentissage. Et quelle réforme ! Nous avons rendu l'apprentissage aux filières professionnelles : ça, c'est une réussite ! Le nombre d'apprentis a crû de 16 % en 2019 et le nombre de contrats dépassera fin 2020, en dépit de la crise, les 350 000. Nous avons aussi accéléré le déploiement de la garantie jeunes, orchestré avec brio par les missions locales, qui apportent des réponses différentes. Nous avons transformé les contrats aidés en parcours emploi compétences – PEC. Ce fut une réussite, je l'affirme, car nous avons atteint un taux de concrétisation satisfaisant grâce à un accompagnement renforcé : nous avons recentré le dispositif sur la personne recrutée et non plus sur l'employeur.

Tout cela, mes chers collègues, nous a conduits à un taux de chômage qui s'établissait, au premier trimestre 2020, à 7,6 % – c'est la réalité, n'en déplaise aux incrédules. La politique de l'emploi menée était un vrai succès. Puis la crise du covid-19 est arrivée : une crise sanitaire, économique et sociale, qui n'est pas terminée. Je suis toujours fière, dans ce contexte, d'être rapporteure spéciale de ce budget. En effet, l'addition des crédits de la mission, qui s'élèvent à 13,38 milliards d'euros, et du budget de France relance, soit 13 milliards, démontre que tous les moyens sont mis en oeuvre pour lutter encore davantage contre le chômage. Toutes les lignes de crédits sont dotées, tous les outils au service de l'emploi sont renforcés. Mes chers collègues, nous allons y arriver, je vous le dis !

Ainsi, lorsque j'irai visiter une agence Pôle emploi dans mon département du Tarn, ou ailleurs, je pourrai annoncer aux agents une augmentation des effectifs pour poursuivre le déploiement du « pack démarrage », qui permet de relancer les entreprises n'ayant pas trouvé de salarié après trente jours, mais aussi d'accompagner, en leur consacrant deux vraies demi-journées, tous ceux qui entrent dans le dispositif. Un accompagnement précoce facilite en effet la sortie du chômage. Ces effectifs supplémentaires se traduiront aussi en nouveaux postes pour les services de back office, où l'augmentation du chômage alourdira la charge de travail. Enfin, ils permettront de renforcer l'accompagnement des personnes qui restent très éloignées de l'emploi.

Dans les mêmes locaux, j'irai rencontrer la très dynamique directrice de la mission locale, avec qui je travaille régulièrement. Je suis en effet chaque année marraine de deux jeunes que j'accompagne pour me rendre compte de la façon dont ils vivent leur parcours. La directrice devra certainement pousser les murs pour accueillir davantage de jeunes ; ce sera pour elle un sacré challenge à relever !

Ce sera aussi le cas des structures d'insertion par l'activité économique qui, lorsque je les ai auditionnées, ne voulaient pas croire à cette hausse inédite de budget. Je connais les responsables de ces structures ; j'ai pu mesurer leur enthousiasme, et je sais que ces crédits supplémentaires constituent pour eux un enjeu important. Pour accompagner les structures de l'IAE dans cette croissance, je proposerai un amendement visant à financer leur ingénierie au travers du FDI – fonds départemental d'insertion. À Graulhet, toujours dans le Tarn, les porteurs de projets qui travaillent depuis dix-huit mois pourront se porter candidats au dispositif « territoires zéro chômeur de longue durée », grâce à la proposition de loi adoptée ici à l'unanimité.

À ces dispositifs s'ajoutent aussi les maisons de l'emploi, qui font preuve de dynamisme et que nous accompagnerons une fois de plus cette année, tout comme les écoles de production. Il existe plus de six quartiers prioritaires de la ville dans ma circonscription et je me félicite de l'annonce de l'augmentation de la participation de l'État dans le financement des PEC ; j'ai déposé un amendement visant à traduire dans les faits ces annonces que le Premier ministre a faites à vos côtés, madame la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion. Bien sûr, nous poursuivrons aussi le plan d'investissement dans les compétences, et sa déclinaison dans l'insertion par l'activité économique.

Je suis convaincue, mes chers collègues, que dans ces conditions vous n'hésiterez pas à voter ces crédits qui sont à la fois de bon sens, inédits, et à la hauteur de ce que nous pouvions espérer. Je tiens à remercier Mme la ministre pour son écoute et son engagement à nos côtés, au service des Françaises et des Français. Le chemin parcouru est long ; il a été et est encore semé d'embûches. Il reste beaucoup à faire mais je suis convaincue que nous réussirons. En tout cas, nous nous donnons les moyens de le faire, et je veux y croire.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.