Intervention de Annie Chapelier

Séance en hémicycle du jeudi 5 novembre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Travail et emploi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Chapelier :

L'année difficile que nous traversons nous rappelle chaque jour l'importance fondamentale de la santé individuelle et publique ; il en est de même, dans une large mesure, pour le travail. Qu'on occupe un poste à responsabilité, qu'on télétravaille ou qu'on exerce une profession jugée essentielle, qu'on soit au contraire dans l'incapacité de travailler ou encore qu'on recherche un emploi – parfois en conséquence de la crise sanitaire – on voit très bien les effets psychiques et physiques que le travail ou l'absence de travail peut avoir.

Si beaucoup rêvent d'une vie où le travail ne serait plus une nécessité mais un plaisir, c'est bien parce que quand on se sent à sa place, valorisé et reconnu, le travail est une rare source d'épanouissement. Je pense en particulier aux soignants, qui affrontent une deuxième vague épidémique d'une grande violence après une première vague ayant déjà eu de lourdes conséquences sur leur santé physique et mentale, au point que certains remettent en question l'avenir professionnel qu'ils s'étaient imaginé.

Travailler, c'est aussi contribuer à un produit socialement utile, c'est faire société, tandis qu'on se sent exclu lorsqu'on est éloigné de l'emploi. Le chômage renforce les fractures, l'apparition d'une société à deux vitesses et une désunion qui nous sont défavorables à tous, car elles fragilisent notre démocratie. En paralysant la quasi-totalité des économies mondiales, la pandémie de covid-19 entraîne dans son sillage des destructions d'emplois et des licenciements. Elle porte en germe une colère sociale dont l'ampleur risque d'être inédite.

Le chômage pèse également sur notre capacité à réformer le pays et à l'entraîner vers un système plus durable écologiquement. Dans un contexte où l'inactivité crée tant d'inquiétudes et de difficultés, le grand écueil qui menace les États est de reléguer au second plan les choix ambitieux et nécessaires pour nous assurer, à nous et à nos enfants, des conditions de vie soutenables ; vous qui avez été, madame la ministre, chargée de la transition écologique et solidaire, ne pouvez qu'y être sensible.

Une action résolue et ambitieuse des pouvoirs publics en faveur de l'emploi est donc plus que jamais indispensable. C'est pourquoi le groupe Agir ensemble accueille favorablement la hausse des crédits de la mission « Travail et emploi ». En augmentation de 3,05 % en 2021, soit 434 millions d'euros supplémentaires, cette mission atteindra 13,38 milliards d'euros en crédits de paiement.

Par ailleurs, le budget du ministère du travail est renforcé pour faire face aux conséquences économiques de la crise sanitaire, en particulier pour accompagner les plus jeunes : les ressources destinées au plan d'investissement dans les compétences sont ainsi augmentées, tandis que l'aide unique aux employeurs d'apprentis et l'insertion par l'activité économique sont soutenues. Des prêts garantis par l'État, à hauteur de 120 milliards d'euros, permettront de soutenir plus de 500 000 entreprises, dont 90 % de TPE et PME. S'y ajouteront 30 milliards d'euros de reports et d'exonérations de cotisations sociales, 31 milliards accordés au titre de l'activité partielle et 6 milliards engagés par le fonds de solidarité.

Nous saluons l'augmentation des moyens facilitant l'accès à l'autonomie économique des personnes handicapées, des demandeurs d'emploi habitant dans des quartiers défavorisés, ou encore des chômeurs de longue durée grâce à l'extension de l'expérimentation « territoire zéro chômeur ».

Alors que les conditions de leur insertion professionnelle s'étaient durcies depuis plusieurs années, les plus jeunes d'entre nous payent un lourd tribut dans la situation actuelle. La crise sanitaire et ses conséquences économiques renforcent encore davantage les incertitudes quant à leur avenir. Il était donc nécessaire d'accroître les moyens alloués à leur accompagnement, notamment par le biais des missions locales. Le curseur est porté sur l'émancipation, puisque le plan de relance consacre plus de 15 milliards aux jeunes et à la formation professionnelle, dont quelque 13 milliards en 2021. Pour faire face à la hausse probable du nombre de jeunes demandeurs d'emploi, le Gouvernement prévoit de mobiliser 1,6 milliard d'euros, dont 500 millions en 2021, afin de porter à 223 000 le nombre de formations certifiantes à des métiers présentant des perspectives d'embauche. Au total, 4,2 milliards d'euros sont donc mobilisés pour soutenir l'emploi des jeunes.

En accord avec ce choix, le choix du travail, de l'emploi et de l'insertion notamment des plus jeunes, le groupe Agir ensemble votera les crédits de cette mission.

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