Avec cet amendement, je veux des poètes dans les gares, des clavecins et des contrebasses à la cantine des usines, des saynètes de Molière dans les rames de métro. Je veux que l'art ne reste pas dans un lieu fermé, le musée, à part un jour par an, le jour où la musique a sa fête.
On va me dire et on m'a dit, jusque dans mon groupe, que ce n'est pas le moment – les gens sont inquiets pour leur santé et leur salaire, les Français craignent pour leur loyer. Mais justement, c'est le moment ! « Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la beauté », écrivait René Char dans Fureur et mystère, en pleine guerre, au coeur de la nuit nazie. Je crois que, dans nos ténèbres à nous aussi, alors que les cinémas et les théâtres sont fermés, que les concerts sont annulés, il faut faire de la place pour la beauté.
Je veux dire, aux miens d'abord, que l'homme n'est pas qu'un ventre à remplir. Nous ne devons pas parler qu'à son estomac, ou à ses yeux pour la fiche de paie. Il aspire à la beauté. La poésie, la musique et l'art, nous les voulons partout et pour tous. Cela peut être une filière qui créera des emplois demain.