Intervention de Valérie Bazin-Malgras

Séance en hémicycle du vendredi 6 novembre 2020 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Bazin-Malgras, rapporteure pour avis de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Seuls 40 millions d'euros sur deux ans sont prévus pour cela. C'est dommage car le bon entretien des monuments importe à tout le monde. Ainsi, Victor Hugo écrivait : « Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde. »

C'est dommage aussi d'un point de vue économique, car ce sont des crédits qui peuvent être dépensés rapidement et qui sont répartis sur tout le territoire, où ils contribuent à l'activité du bâtiment et des métiers d'art. Dans ma circonscription, j'ai auditionné deux propriétaires de monument historique, ainsi que le maire d'une petite commune dont l'église pourrait s'effondrer. Ils espèrent tous des crédits pour démarrer leurs chantiers.

En dehors du plan de relance, les crédits de la mission « Culture » s'élèvent à 3,2 milliards d'euros. En ce qui concerne le programme « Patrimoines », je souhaite m'attarder sur deux grands projets qui pèsent lourd dans la programmation pluriannuelle des crédits.

Premièrement : Villers-Cotterêts. J'ai eu la chance de visiter ce chantier. Le château a été laissé dans un état de délabrement par la mairie de Paris, qui y logeait un EHPAD jusqu'en 2014.

Je me réjouis que l'on entreprenne la rénovation de ce château de la Renaissance. Cependant, je suis frappée par la disproportion des moyens qui lui sont consacrés. Un investissement de 110 millions d'euros était annoncé pour le projet initial, or le plan de relance prévoit 100 millions supplémentaires, dont 25 millions pour compenser le fait que l'État n'a trouvé aucun mécène pour ce projet et 75 millions pour compenser le fait qu'il n'a trouvé aucun investisseur privé pour restaurer et exploiter les communs. Avouez que cela sème le doute sur l'ambition de ce grand projet présidentiel !

Deuxième point : la rénovation du Grand Palais. Vous avez décidé, madame la ministre, de revoir les ambitions initiales de ce chantier pharaonique, et vous avez raison. Cependant, quel n'est pas notre étonnement de voir que le nouveau projet est présenté avec le même budget que l'année dernière, soit 466 millions d'euros.

En ce qui concerne le spectacle vivant, l'État a mis en oeuvre plusieurs dispositifs d'aide aux entreprises et aux salles de spectacle grâce au Centre national de la musique – CNM – et à l'Association pour le soutien du théâtre privé. J'insiste sur la nécessité de maintenir des aides d'urgence en 2021 tant que l'activité ne pourra pas reprendre de façon normale.

Je me réjouis de l'adoption, en première partie du projet de loi de finances pour 2021, du crédit d'impôt pour le théâtre et j'espère que les cabarets pourront en bénéficier s'ils ne bénéficient pas du crédit d'impôt pour le spectacle vivant. J'observe cependant un déséquilibre frappant entre les moyens accordés au spectacle vivant et ceux consacrés aux arts plastiques. Certes, le spectacle vivant est plus directement touché par les mesures de confinement, de distanciation et de couvre-feu, mais les artistes plasticiens subissent l'annulation des expositions et n'ont pas d'assurance chômage.

Enfin, le pass culture semble désormais relégué au second plan. Le confinement est malheureusement intervenu au moment où il devait être étendu à de nouveaux départements. En commission, Mme la ministre a déclaré envisager une possible réduction de la valeur du passe culture à 300 euros par jeune. Ces changements nuisent à la lisibilité du dispositif et compromettent sa réussite.

Pour conclure, malgré ces différentes réserves, la commission des affaires culturelles a émis favorable à l'adoption des crédits de la mission « Culture ».

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