« La culture domine tout, elle est la condition sine qua non de notre civilisation », constatait déjà le général de Gaulle en 1965. Nous vous donnons acte, madame la ministre, comme je l'avais d'ailleurs déjà fait au nom du groupe Les Républicains lors de votre audition par la commission des affaires culturelles et de l'éducation, de l'augmentation de plus de 5 % du budget du ministère de la culture. Il convient aussi de constater, non sans satisfaction, que le Gouvernement prévoit de consacrer, dans le plan France relance, près de 2 milliards d'euros à la culture, dont plus de 1 milliard d'euros de crédits budgétaires dans le champ de la mission « Culture ».
Toutefois, comme l'a d'ailleurs souligné la rapporteure pour avis Valérie Bazin-Malgras, une part importante de ces crédits n'est pas consacrée à des investissements, mais est destinée à combler les déficits d'exploitation de certains grands opérateurs de l'État – l'Opéra de Paris, le musée du Louvre ou le château de Versailles. Il est bien évidemment hors de question d'abandonner ces fleurons de la culture française, surtout lorsqu'ils font face à une crise profonde qui remet en cause leur modèle culturel et économique ; mais ces dépenses ne sont pas, à proprement parler, des dépenses d'investissement pour la relance du secteur de la culture : elles devraient plutôt figurer dans la mission « Culture ».
Je ne reviendrai pas sur l'ensemble des dispositifs d'aide et de soutien d'urgence créés par l'État – fonds de solidarité, prêts garantis par l'État, dispositif d'activité partielle – , même s'il a fallu, au début du premier confinement, beaucoup batailler pour que certaines catégories, particulièrement les auteurs, en bénéficient et ne soient pas laissées au bord du chemin. Je souligne également que les établissements publics comme le CNM, le Centre national du cinéma et de l'image animée – CNC – ou le CNAP ont pleinement joué leur rôle et ont su débloquer rapidement les mesures d'urgence. De la même façon, les OGC – organismes de gestion collective – ont répondu présents, ont su se montrer réactifs et ont bien rempli leur rôle.
Spectacle vivant, théâtres, opéras, cabarets, danse, concerts, cinémas, festivals, musées, monuments historiques, salons et foires artistiques divers, bibliothèques, librairies : la liste est longue – trop longue – des sacrifiés de la culture, ceux que la poursuite de la crise sanitaire met au défi de survivre et de résister. Je veux rendre hommage ici à tous les acteurs des secteurs culturels, qui ont su déployer des trésors d'ingéniosité, de créativité et d'agilité pour résister, faire face et se réinventer afin de garder le lien avec leur public. C'était bien sûr avant le nouveau confinement, qui frappe si durement le secteur. Je dirai un mot des librairies, pour rappeler la tristesse qui s'est emparée de nombre d'entre nous lorsque nous avons réalisé qu'elles n'étaient pas considérées comme des commerces essentiels. Puisse le dispositif « je commande et j'emporte » – pour parler français – leur venir réellement en aide.
Pour revenir au budget du ministère de la culture, les députés du groupe Les Républicains insistent sur la nécessité de maintenir certains dispositifs d'aide et de soutien tout au long de l'année 2021, car ils ont bien compris que la reprise des activités normales du secteur culturel n'est pas pour demain – c'est le moins que l'on puisse dire.
Nous saluons, comme l'a fait Gilles Carrez, l'augmentation des crédits du programme « Patrimoines », mais nous aurions souhaité qu'une part plus importante en soit affectée à l'entretien et à la restauration du patrimoine appartenant à des propriétaires privés ou à des collectivités territoriales – la rapporteure pour avis Valérie Bazin-Malgras l'a souligné. De la même façon les 40 millions d'euros supplémentaires alloués aux détenteurs de patrimoine n'appartenant pas à l'État dans le cadre du plan de relance nous semblent quelque peu disproportionnés par rapport à l'enveloppe totale.
Quant au pass culture, vous connaissez les réserves – pour ne pas dire plus – exprimées par les membres du groupe Les Républicains depuis le début du quinquennat : nous nous interrogeons toujours sur le coût total de ce dispositif, sur sa pertinence et sur son bien-fondé. Les phases d'expérimentation font apparaître des résultats mitigés, et nous ne voudrions pas que son existence nuise à des opérateurs historiques qui oeuvrent dans le domaine de l'éducation artistique et culturelle.
Je terminerai sur une note quelque peu amère, madame la ministre : nous avons appris hier, alors que le Sénat venait tout juste de terminer l'examen du projet de loi relatif au retour de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal, l'adoptant à l'unanimité, que l'État retournerait à Madagascar la couronne du dais de la reine malgache Ranavalona III, conservée jusqu'à présent au musée de l'Armée.