Intervention de Alain David

Séance en hémicycle du vendredi 6 novembre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Médias livre et industries culturelles ; avances à l'audiovisuel public

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain David, rapporteur pour avis :

Comme pour beaucoup d'autres secteurs, l'année 2020 aura été une année hors du commun pour notre audiovisuel extérieur. Avant même que la crise sanitaire ne vienne bouleverser les modes d'organisation et les grilles de programmes, l'année a commencé avec une série de débats relatifs à la réforme de l'audiovisuel public, ajournés en raison de la crise sanitaire.

Face au projet d'intégration de France Médias Monde au sein d'une holding de l'audiovisuel public, les risques étaient grands, en effet, de voir le groupe et ses trois filiales – les radios RFI, Radio France internationale et MCD, Monte Carlo Doualiya, et la chaîne de télévision France 24 – devenir de véritables variables d'ajustement de l'audiovisuel public. Dans le cadre du plan de relance consacré au secteur, France Médias Monde et TV5 Monde n'ont d'ailleurs bénéficié que de 500 000 euros chacune, sur une enveloppe totale de 70 millions d'euros.

Si elles ont été globalement moins touchées que les autres sociétés de l'audiovisuel public, elles n'en ont pas moins pâti de la crise, qui a fragilisé leurs ressources propres, alors même que d'importants plans d'économies avaient déjà dû être déployés depuis 2019.

Conformément à la trajectoire revue à la baisse en 2018, la dotation de France Médias Monde dans le PLF pour 2021 s'élève à 254,7 millions d'euros, en recul de 500 000 euros par rapport à l'année dernière, et celle de TV5 Monde à 76,15 millions, montant stabilisé après un recul de plus de 1 million d'euros – tout cela dans un contexte de concurrence internationale toujours plus forte.

L'audiovisuel extérieur est un formidable outil pour notre diplomatie d'influence, dont la crise sanitaire a rappelé l'importance. D'une part, France Médias Monde et TV5 Monde ont dû revoir leur organisation pour répondre à un double impératif : garantir la protection des collaborateurs et assurer leur mission d'information. Aux plans social et financier, les sociétés de l'audiovisuel public n'ont pas eu recours au dispositif de chômage partiel, à la différence des entreprises privées. Non seulement elles ont assuré leur gestion de crise sans peser sur les deniers publics, mais elles ont aussi su adapter leurs deux missions aux besoins suscités par la crise, en faisant évoluer les grilles de programmes. Les médias de l'audiovisuel ont renforcé leur action pour lutter contre la désinformation, que la crise a pu favoriser. Une attention particulière a été apportée à la diffusion de messages de prévention, notamment à destination des publics africains.

Enfin, l'audiovisuel extérieur a contribué au service public d'éducation, en participant à l'initiative « Nation apprenante ». Cette mobilisation a été sanctionnée par de très bons résultats : au plus fort de la crise, les audiences numériques de France Médias Monde ont triplé, et la tendance annuelle globale a maintenu sa progression. Même constat pour TV5 Monde, qui connaît une remarquable progression de ses audiences numériques et reste parmi les chaînes internationales les plus plébiscitées en Afrique francophone.

Notre audiovisuel extérieur a aussi poursuivi son développement géographique éditorial. Pour France Médias Monde, le passage à douze heures de diffusion quotidiennes de France 24 en espagnol a permis de toucher un nombre accru de foyers en Amérique latine. Par ailleurs, le renforcement des langues africaines s'est poursuivi. Pour TV5 Monde, 2020 aura été l'année du bilan du plan stratégique 2017-2020, dont les objectifs ont globalement été atteints.

Comme je l'ai déjà mentionné, les sociétés de l'audiovisuel extérieur, qui ont pourtant géré la crise sans peser sur les deniers publics, sont les dernières servies du plan de relance, alors même que la crise les a financièrement fragilisées en diminuant leurs ressources propres : la baisse est de 1,6 million d'euros en 2020 et de 2 millions en 2021 pour France Médias Monde, et la diminution anticipée en 2020 pour TV5 Monde est de l'ordre de 2 millions d'euros.

La résilience de notre audiovisuel extérieur ne doit donc pas se traduire par une baisse de notre vigilance : si nous continuons à réduire les moyens de nos médias, le risque est gros de perdre la bataille de l'information et de l'influence.

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