Il s'agit d'un amendement d'appel de Sandrine Mörch. Il ne vise aucunement à amputer de 10 millions d'euros les crédits alloués à la politique de la ville, mais à démontrer la nécessité d'une politique transversale concernant la budgétisation de l'hébergement d'urgence.
Après le premier confinement, on a pu faire un triple constat. D'abord, il faut identifier les publics. La précarité ne touche pas uniquement les sans domicile fixe, ou les mineurs non accompagnés, ou les jeunes majeurs, ou bien les personnes logeant dans des bidonvilles ou des squats, ou encore les personnes en situation de prostitution. Elle concerne l'ensemble de ces publics.
Ensuite, on est confronté à la difficulté de prendre des mesures qualitatives. L'hébergement d'urgence est une parmi plusieurs solutions, plus ou moins onéreuses par rapport à la prise en charge sur le long terme des personnes en situation de précarité. Le coût d'une nuitée d'hôtel s'élève à 20 euros par personne en moyenne, contre 14 pour les places en hébergement d'urgence. Lors d'une audition, j'ai entendu un responsable de la délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement comparer les nuitées en hôtel à une drogue dure, qui coûte cher sur le plan économique, social et psychologique, et dont il est difficile de se défaire.
Enfin, une meilleure organisation structurelle au sein des collectivités est nécessaire pour prendre en charge l'ensemble de ces publics. La mise en place de mesures pérennes pour les personnes sans-abri et les personnes isolées s'inscrit dans le cadre de la prévention sociale. Nous avons tout à y gagner.