Intervention de Amélia Lakrafi

Séance en hémicycle du samedi 7 novembre 2020 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Économie ; investissements d'avenir ; engagements financiers de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAmélia Lakrafi, rapporteure pour avis de la commission des affaires étrangères :

L'année 2019 a été marquée par une certaine embellie pour le commerce extérieur de la France. Notre balance commerciale connaissait en effet une amélioration de 3,9 milliards d'euros. Au premier trimestre 2020, le nombre d'exportateurs était également à son plus haut niveau depuis près de vingt ans, avec plus de 129 000 entreprises exportatrices. La création de la Team France export et du guichet unique a été enfin concrétisée, répondant à une demande ancienne des entreprises. On voyait ainsi les premiers résultats des réformes engagées, notamment depuis le début du quinquennat, en faveur de la compétitivité et de l'internationalisation de nos entreprises.

L'épidémie de covid-19 a arrêté cet élan de plein fouet. Pour l'année entière, le déficit de notre balance commerciale pour les biens devrait atteindre 79 milliards d'euros, contre 58,9 milliards l'année dernière. Il existe bien sûr des nuances selon les secteurs. Ceux qui sont les plus ouverts à l'international, et dont le poids est particulièrement important dans nos exportations, comme l'aéronautique et l'automobile, sont les plus touchés ; dans le domaine des services, le secteur du tourisme est particulièrement frappé. Si le Rapport économique, social et financier prévoit un rebond des exportations françaises de 12,6 % en 2021, il est évident que toute anticipation est aléatoire car la reprise de la croissance et des échanges extérieurs dépendra en premier lieu de l'évolution de la crise sanitaire. L'export est en effet particulièrement dépendant de l'ouverture effective des frontières.

Bien d'autres facteurs d'incertitude sont à prendre en compte, comme l'accord ou, au contraire, le no deal avec le Royaume-Uni et l'évolution de la politique commerciale américaine dans les prochains mois. Si la crise sanitaire a rendu moins perceptible la guerre économique mondiale, cette dernière est loin d'avoir disparu. La Chine sort plus tôt que nous de la crise et lance déjà l'offensive, tandis que nous aurions tort de penser que l'élection de Joe Biden, si elle se confirmait, rendrait les USA moins durs et intransigeants à l'égard des Européens.

Dans ce contexte difficile, le Gouvernement et tous les acteurs chargés du soutien au secteur de l'export se sont pleinement mobilisés dès le printemps dernier. Le Gouvernement a pris des mesures fortes parmi lesquelles le prêt garanti par l'État, le renforcement de la veille et de l'information en ligne et le maintien des assurances prospection gérées par Bpifrance. L'ensemble des acteurs publics et privés se sont concertés pour donner aux exportateurs les outils nécessaires pour leur permettre non seulement de rebondir lorsque les conditions plus normales de fonctionnement de l'économie seraient rétablies, mais aussi de s'adapter à des tendances de fond accélérées par la crise, comme l'usage du numérique.

Je veux saluer ici l'effort conjoint de Bpifrance et de Business France, du réseau des CCI, des conseillers du commerce extérieur de la France et des OSCI – opérateurs spécialistes du commerce international – , les opérateurs privés d'accompagnement à l'export. Ils ont mis en place d'innombrables webinaires et outils en ligne destinés à guider les entreprises en les informant sur la situation des marchés étrangers dans un effort inédit de réflexion commune. Ils ont grandement inspiré les mesures prises par le Gouvernement pour soutenir les exportateurs ; il est heureux qu'un ministre soit chargé de ce dossier spécifique depuis le dernier remaniement et qu'il les ait promues avec force.

Les crédits dédiés à l'export sont dispersés entre différentes missions, dont la mission « Économie », et le plan de relance comporte un volet spécifiquement dédié à l'export qui vient renforcer les moyens déjà alloués dans les autres missions du projet de loi de finances. C'est cette stratégie globale et la grande pertinence des mesures retenues que je souhaite évoquer ici. L'ensemble des acteurs concernés que j'ai rencontrés pour la rédaction de mon avis budgétaire ont salué ces mesures fléchées vers les TPE, PME et ETI engagées à l'international. Le plan de relance à l'export de 247 millions d'euros leur propose en effet des solutions très tangibles, avec notamment plus de 100 millions d'euros destinés à renforcer les moyens de Business France, de Bpifrance et du fonds FASEP – fonds d'étude et d'aide au secteur privé. Parmi les mesures les plus concrètes, je citerai le chèque export, qui permet de prendre en charge la moitié des prestations à l'accompagnement auxquels ont recours les exportateurs, des chèques VIE pour les volontaires internationaux en entreprise ou encore la mise en place d'un produit d'accompagnement d'assurance prospection dédié aux plus petites entreprises.

Surtout, ces montants permettront de poursuivre l'extraordinaire effort entrepris depuis cette année pour fournir aux opérateurs de l'export et aux entreprises des outils numériques adaptés au contexte que nous connaissons. Ces outils d'une grande créativité se substituent à la possibilité, hélas toujours réduite, de se déplacer dans des salons ou en mission de prospection : mise en place de vitrines en ligne, de salons de rencontre avec des acheteurs en virtuel, ou encore utilisation accrue des webinaires.

Le projet de loi de finances apporte tout le soutien qu'attendent les exportateurs, fortement affectés par le contexte mondial. Je vous invite donc, sans réserve, à voter les crédits alloués au commerce extérieur.

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