Nous examinons cette mission budgétaire au lendemain d'échanges qui furent parfois, disons, dynamiques, concernant l'ouverture des commerces de proximité.
Monsieur le ministre délégué, alors que notre pays traverse une crise sanitaire et économique sans précédent, je déplore que nos échanges n'aient pas permis au Gouvernement de comprendre que nous, représentants de la nation, sommes là avant tout pour vous faire remonter les préoccupations et la détresse des commerçants de nos villes et de nos villages.
Pour la deuxième fois, la France s'est confinée la semaine dernière. Une deuxième fois, les Français sont appelés à rester chez eux et à télétravailler. Une deuxième fois, les commerçants sont contraints de fermer boutique. Et pourtant, le Président de la République nous avait assuré que nous serions prêts en cas de deuxième vague ! Malheureusement, nous payons aujourd'hui le prix de l'absence de préparation et d'anticipation. Le spectre de la faillite économique plane au-dessus de nos têtes et la réalité est bien plus sombre que celle que laisse entrevoir votre gouvernement.
Il n'a de cesse de vanter sa politique économique et le soutien qu'il apporte aux entreprises. Malheureusement, il a fallu faire des choix pour préserver la santé des Français. Même si nous n'en contestons pas le principe, nous aurions pu espérer un équilibre plus juste et plus acceptable par tous.
Malheureusement, l'État, à cause de son impréparation, est contraint à l'improvisation et se livre à une spirale incohérente d'ordres, de contrordres et de désordres, qui suscite la confusion, l'incompréhension et, en définitive, la colère de nos concitoyens.
Nous remarquons par ailleurs que l'État a préféré soutenir nos entreprises avec des aides plutôt que de les aider à travailler. Les conséquences de ce choix pourraient être désastreuses. Après avoir été très affaiblies par la première vague, 55 % des PME craignent de prochainement devoir baisser le rideau définitivement. Leurs faillites n'auront d'autre effet que d'augmenter le nombre des chômeurs en France. Je crains très sincèrement que ma circonscription, dans le Saumurois, déjà fortement touchée par le chômage, ne le soit encore plus dans les prochaines semaines.
En outre, la fracture entre l'urbain et le rural ne cesse de se creuser. Les commerces de proximité, coeur des bourgs et des villages, sont perdus face à l'incohérence des annonces gouvernementales et, surtout, face au maquis, au mille-feuille administratif qu'elles engendrent.
J'étais encore hier avec les représentants du secteur du bâtiment de mon département, le Maine-et-Loire. Tous nos artisans s'accordent à dire qu'il faut davantage d'ordre, de clarté et de lisibilité dans vos propositions ! Même si les moyens financiers sont évidemment nécessaires, c'est surtout d'être accompagnés et guidés sans être assistés que les entrepreneurs ont besoin.
Nous examinons cette mission budgétaire dans la continuité de celle consacrée au plan de relance. La relance est indispensable, c'est incontestable. Dans un esprit de responsabilité, le groupe Les Républicains a donc voté en faveur de ce plan, mais reconnaissez tout de même que les mesures sont un peu confuses. Le 1er novembre, des entrepreneurs de Toulouse ont manifesté leur désarroi : certains affirmaient ne pas avoir vu la couleur des aides publiques pourtant promises par l'État. Pour d'autres, ces aides ne viendront jamais – je pense notamment au chômage partiel, prévu seulement pour les entreprises avec salariés. Quid des entreprises qui n'en ont pas ?