Je n'étais pas avec vous en début de semaine car j'étais cas contact. C'est donc à distance que j'ai suivi la nouvelle lecture du présent texte. Et je peux vous dire que, de l'extérieur, le décalage était saisissant entre, d'une part, la gravité de la situation à laquelle nos concitoyens, l'Europe, le monde entier sont en train de faire face – ce monstre invisible qui détruit des milliers de vies jour après jour – et, d'autre part, la teneur des débats parlementaires, si éloignés de ce que nous éprouvons.
Je ne peux donc que souhaiter, aujourd'hui, des débats certes contradictoires et exigeants, mais à la hauteur de la situation que traverse le pays. Ces circonstances, nous les connaissons et, à l'exception d'une ou deux personnes ici, nous en mesurons la portée. Nul besoin, donc, de revenir sur ces chiffres rappelés et actualisés quotidiennement par le ministère des solidarités et de la santé.
Derrière ces chiffres, il y a une réalité : celle de la maladie, celle des souffrances de milliers de Français qui perdent leurs sens, sont essoufflés, surpris par une détresse respiratoire, intubés, se retrouvent dans le coma… – cela, après un verre avec des amis, un anniversaire en famille, une embrassade de trop. Cette maladie est terriblement injuste car elle vient tuer par ce qui nous fait tenir et avancer dans la vie : le lien avec l'autre, les interactions sociales. Et, non contente de cela, elle vient mettre en danger ce qui est aussi nécessaire à notre survie : notre économie.
Dans ces circonstances exceptionnelles, nous ne devons avoir qu'un objectif : sauver des vies. C'est une opération de survie où chacun a son rôle à jouer : ceux qui sont en première ligne, les soignants, ces milliers de femmes et d'hommes qui se battent sans relâche, envers qui nous sommes tellement redevables et à qui nous devons constamment rendre hommage ; ceux qu'on a appelés les soldats de la seconde ligne, caissiers, administrations, personnel d'entretien, sans oublier les enseignants auxquels incombe une tâche particulièrement importante, celle de continuer de construire l'avenir.
Et puis il y a nous : nous, la représentation nationale ; nous qui avons pour mandat de défendre l'intérêt de nos concitoyens, de la nation, avant tout autre, avant le nôtre. Or les circonstances présentes exigent de nous que nous prenions nos responsabilités et donnions tous les moyens nécessaires au pouvoir exécutif pour gérer cette crise, indépendamment des batailles politiciennes et des rancoeurs.
Mais, à ce point, deux visions politiques, deux visions de la gestion de crise et du rôle du Parlement s'opposent.