Pour rappel, l'état d'urgence sécuritaire avait duré dix-huit mois. Reste que le Gouvernement n'a aucune obligation d'utiliser tous les outils mis à sa disposition par le régime d'état d'urgence. Quand je disais, cet été, que j'étais favorable à sa prorogation, c'est parce que le signal émis risquait d'entraîner un relâchement – relâchement que vous avez vous-même regretté, monsieur le ministre – , ce qui a produit la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui.
Il est vrai, comme vous le dites, que le choix d'une date est arbitraire, mais c'est précisément la raison pour laquelle vous auriez eu intérêt à tendre la main aux députés de l'opposition et aux sénateurs – le Sénat a d'ailleurs voté sur ce sujet à l'unanimité – pour montrer votre volonté de revenir régulièrement devant le Parlement.
En réalité, notre débat n'est pas tant de savoir quand prendra fin l'état d'urgence sanitaire. Ni vous, ni moi, ni le Président de la République ne pouvons le savoir. En revanche, discuter à intervalles réguliers des conditions d'application des mesures liées à l'état d'urgence sanitaire est la condition sine qua non de leur acceptabilité par les Français. Or, sans acceptabilité, on ne parviendra pas à vaincre l'épidémie et on risque d'avoir à affronter des difficultés pires encore. Des mouvements de révolte naissent parfois sans que l'on s'y attende. Prenons garde à ne pas nous retrouver dans une situation où nous ne contrôlerions plus rien, ni le virus, ni la situation sécuritaire.
Le débat est nécessaire et utile, et doit être itératif. Certes, nous ne sommes pas à quinze jours près, mais si nous nous étions mis d'accord sur une date, cela aurait été le signe de notre volonté de débattre régulièrement du sujet à la recherche des solutions les meilleures.