Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mardi 10 novembre 2020 à 21h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2020 — Avant l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Je souhaite revenir sur le débat que nous avons eu tout à l'heure. Monsieur le rapporteur général, quand toutes les oppositions disent la même chose, cela ne leur donne pas forcément raison ; néanmoins, refuser de considérer depuis des jours que, quand toutes les oppositions, même de couleurs politiques différentes, vous font la même demande, parfois avec des amendements qui n'engagent pas à grand-chose, cela ne donne pas non plus raison à la majorité. Les accepter serait une preuve que vous voulez le consensus et l'unité d'action.

Deuxièmement, nous entendons ces temps-ci une petite musique dont vous venez d'émettre une variation, laquelle consiste à dire : « Vous pouvez présenter tous les amendements que vous voulez, l'avis sera toujours défavorable », sans même expliquer pourquoi. Cela me rappelle l'idée que j'ai entendu formuler concernant mon rapport sur le projet de loi de finances pour 2021, à savoir que toute proposition de l'opposition, surtout quand elle est systémique, ne serait qu'une posture par rapport à un Gouvernement qui, lui, « ferait ».

Je vous assure, chers collègues, que cela ne fait pas avancer le débat démocratique. Cela le fait d'autant moins avancer que la raison pour laquelle la gauche et la droite continuent de proposer des amendements est que, ces derniers mois, vous avez dû évoluer du fait de la crise, y compris sur des sujets auxquels vous teniez, par exemple en mettant de l'argent – pas assez, à mon avis – pour les soignants, ce qu'il vous demandaient depuis 2017. Je crois à la politique et je crois qu'il est possible, même avec vous, d'échanger des arguments et de faire évoluer les positions.

Cet amendement, que nous présentons effectivement à chaque fois, vise à supprimer l'abattement de 40 % sur les dividendes, et la mesure me semble plus nécessaire que jamais. Vous l'avez dit dans votre présentation, monsieur le rapporteur général : les inégalités explosent avec la crise du covid-19. Le problème, c'est que, depuis trois ans, vous avez créé un terreau très fertile pour ces inégalités à coups de suppression de l'ISF et de prélèvement forfaitaire unique, lesquels bénéficient toujours aux plus riches. Les 0,1 % les plus riches ont ainsi vu leurs revenus multipliés par quatre. Par ailleurs, puisque vous parlez des déficits, ces mesures entraînent des baisses de recettes dont nous avons besoin.

Voilà des débats de fond qu'il faudra aborder, et j'aimerais que l'on réponde sur le fond de nos arguments plutôt que de nous reprocher de poser chaque fois la même question. La période, me semble-t-il, a changé.

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