Le débat parlementaire qui s'ouvre n'est pas à la hauteur de l'enjeu essentiel que constitue l'effondrement de la sécurité dans notre pays. Or, derrière le chaos sécuritaire, combien de traumatismes, dont certains sont irrémédiables ? Combien de souffrances indicibles ? Combien de douleurs et de chagrin ?
L'insécurité modifie notre mode de vie. Elle porte atteinte à nos libertés au quotidien quand il faut rentrer plus tôt, ne pas s'habiller comme on le souhaite ou choisir avec soin son itinéraire. Elle est une atteinte permanente à la dignité quand il faut baisser les yeux, changer de trottoir, accepter sans rien dire les agressions physiques ou verbales.
Le débat sur la sécurité est essentiel, parce qu'il porte au fond sur la société que nous voulons : une société de la douceur de vivre ou celle de l'ultra-violence qui s'insinue, généralise et se banalise ; une société de la paix civile ou celle du terrorisme qui frappe, comme autant d'actes d'une guerre abjecte.
Au moment où vous disposiez d'une opportunité législative pour faire adopter des mesures opérationnelles réclamées par les Français, comment ne pas vous faire part de ma déception ? Il est vrai que certaines mesures, comme le renforcement des polices municipales ou la protection des forces de l'ordre, vont dans le bon sens ; nous les approuverons. Toutefois, le texte se caractérise par une absence de vision d'ensemble, qu'un titre prétentieux n'arrive pas à masquer. Or un texte sans vision est un texte sans ambition.
Nous n'avons pas seulement affaire à un ensauvagement, c'est-à-dire à une aggravation des actes de délinquance ; nous avons affaire à des actes d'une nature différente, qui procèdent d'une volonté mafieuse, politico-religieuse ou d'asservissement. Si j'ai employé le mot de barbarie, ce n'était pas pour repousser les limites sémantiques au moment où le Gouvernement nous accordait le terme d'ensauvagement, mais parce que la barbarie se caractérise par la méconnaissance ou, pire, par le refus de nos valeurs et de notre respect de la vie humaine. C'est malheureusement ce que vivent les Français. Celui qui prend à partie une jeune fille parce qu'elle porte une jupe ; celui qui profane un cimetière ; celui qui agresse dans le cadre d'une initiation clanique ; celle qui excise sa fille pour obéir à une pratique barbare ; celui qui tue par jeu ; celui qui décapite pour blasphème : tous ont en commun la négation de nos valeurs de civilisation. Or c'est le propre de la civilisation que de réguler les comportements prédateurs. C'est le propre de notre civilisation, grâce à la force légitime de l'État, que d'avoir su éradiquer l'inhumaine loi de la jungle, au profit du bien commun.
J'aurais voulu que cette proposition de loi dite sur la sécurité globale portât bien son nom. J'aurais voulu qu'elle ait l'ambition d'une réponse globale, qui commence par une mobilisation générale, qu'elle lance le signal d'une reconquête. Oui, nous sommes déçus, et cette déception est d'autant plus grande que bon nombre d'amendements que nous avons proposés, et qui allaient dans le sens d'un renforcement des moyens des forces de l'ordre, ont été déclarés irrecevables. C'est notamment le cas de celui qui visait à créer une école de police municipale, dont parlait plus tôt mon collègue Christophe Naegelen.
Ce texte ne comporte quasiment aucune mesure pénale. Comment pouvez-vous aborder la sécurité globale en oubliant le deuxième pilier de toute politique sécuritaire : la justice ? De même, il ne comporte aucune mesure susceptible de faire baisser la délinquance. Il existe pourtant une population de délinquants aisément neutralisables, celle des criminels et délinquants étrangers : ces individus n'ont strictement plus rien à faire sur notre sol.
La sécurité globale exige la mobilisation de l'État, des maires au ministre de l'intérieur en passant même par le garde des sceaux. La sécurité globale telle que je la conçois exige la mise en cohérence de nos politiques sécuritaires et migratoires, militaires et diplomatiques, civiques et éducatives, policières et judiciaires. Elle exige avant tout une volonté politique non d'accompagner les événements, mais de les maîtriser, de les anticiper et non de les subir.
Pour rétablir la sécurité en France, il est temps de sortir de la culture de l'excuse si bien incarnée par le garde des sceaux ; il faut punir fermement ceux qui sont passés à l'acte, et pour cela, nul besoin de toucher aux libertés de l'immense majorité des honnêtes gens. Or depuis le début du quinquennat, vous avez une fâcheuse tendance à restreindre les libertés de tous, au lieu de vous focaliser sur les criminels de tous bords.
Ce texte n'est clairement pas le grand texte sur la sécurité auquel nos concitoyens aspirent. Pour l'écrire, vous auriez pu vous inspirer du livre blanc « La sécurité, partout et pour tous » que j'ai présenté dès le mois de février 2020 et que je tiens, monsieur le ministre, à votre disposition ainsi qu'à vous, bien évidemment, mes chers collègues. Peut-être – restons optimistes – pourra-t-il nourrir un texte ultérieur.
Le 22/11/2020 à 22:48, Anonyme a dit :
Après une lecture attentive du livre blanc du Rassemblement National il y a effectivement une différence notable! Bravo Marine!
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