Monsieur le ministre des outre-mer, des pluies diluviennes et des orages d'une intensité anormale ont provoqué des dégâts très graves en Martinique, plus particulièrement dans le Nord Atlantique. Des rivières en crue, des mouvements de terrain, des inondations et des coulées de boue ont emporté une centaine de maisons et endommagé des réseaux dans la plupart des communes. Un homme est mort à Sainte-Marie, emporté par les eaux. Trente mille foyers sont privés d'eau. Plusieurs dizaines de famille ont dû être déplacées. Des axes routiers ont été coupés.
L'ampleur des dégâts causés par ces épisodes de pluie torrentielle impose la reconnaissance en urgence de l'état de catastrophe naturelle pour ouvrir des droits aux foyers assurés. Mais, si l'engagement de cette procédure ne souffre selon moi aucun doute, j'ai le devoir de vous alerter à la fois sur sa mise en oeuvre et sur ses limites lorsqu'on sait que 40 % des habitations aux Antilles ne sont pas assurées, que 20 % des activités sont dans l'informel et qu'aux termes du régime assurantiel en vigueur, les dommages corporels ne sont pas indemnisés, et lorsqu'on est conscient que le fonds de secours d'urgence pour les non-assurés et les collectivités n'est doté que de 10 millions d'euros pour l'ensemble des outre-mer – nous connaissons par ailleurs les difficultés d'accès au fonds Barnier – et que les mairies concernées, vu l'étendue des dégâts, se trouveront acculées budgétairement. Nous savons aussi que l'ampleur de la question foncière des indivisions freinera l'accès aux aides. Ce sont autant de particularités qui ne peuvent être occultées si nous voulons que l'expression de la solidarité nationale soit totale et efficace pour aider les sinistrés de Martinique.
Monsieur le ministre, je vous poserai deux questions. Comptez-vous prendre des mesures spécifiques pour que l'arrêté interministériel déclarant l'état de catastrophe naturelle soit pris rapidement ? Êtes-vous prêt à engager une réforme de la politique du risque naturel en outre-mer, compte tenu de l'ampleur et de la récurrence des phénomènes qui y sévissent ?