Il est des périodes dans l'histoire d'un peuple qui nous rappellent ce que signifie « faire nation ». Il est des périodes dans l'histoire d'une république qui nous rappellent quel est le prix de la liberté, cette liberté à laquelle nous sommes tant attachés. Il est des périodes dans l'histoire d'une communauté qui nous rappellent ce qu'est la solidarité nationale, et que chacun n'est finalement que peu de chose sans l'autre, qu'il s'agisse de notre client ou de notre fournisseur, de celui ou celle qui nous soigne, nous sauve, nous protège ou nous instruit.
La crise que nous traversons nous plonge dans cette période pleine d'incertitude et de doute où une épidémie mondiale devient la responsabilité de quelques dirigeants et où l'on entend certains donner bruyamment des leçons selon lesquelles, avec eux, la crise et le virus n'auraient, à n'en pas douter, jamais touché notre pays. Mais c'est aussi dans ces moments que d'autres préfèrent écouter et regarder ceux qui agissent, ceux qui déploient des trésors d'énergie et d'inventivité pour sauver le travail de toute une vie, ceux qui ne comptent plus leurs heures pour vaincre l'impensable, ceux qui font fi du risque pour sauver des inconnus.
L'édifice républicain bâti depuis des décennies semble nous échapper. La cohésion nationale n'a jamais été aussi fragilisée, la menace terroriste n'a jamais été aussi forte et la situation épidémique que l'on croyait maîtrisée en juin se révèle hors de contrôle quatre mois plus tard. Il n'y a dès lors que les prétentieux ou les bonimenteurs pour présenter une solution miracle, celle qui sauverait notre pays de tous les maux. Mais je veux croire, mes chers collègues, que dans cette assemblée, il y a bien 577 députés qui souhaitent le meilleur pour notre pays, tout autant que les membres d'un gouvernement qu'ils soutiennent ou auquel ils s'opposent.