Laissons tout cela de côté, car je voudrais exprimer une pensée qui, je crois, dépasse largement les seuls bancs de la gauche de l'hémicycle, et que partagent sans doute la plupart d'entre nous. Il est insupportable de penser que notre pays, sixième puissance économique au monde, compte 10 millions de pauvres, soit un Français sur six, dont un sur cinq est un enfant. Il est insupportable de penser que cette cohorte est formée de ceux qui étaient déjà condamnés à un dilemme quotidien et douloureux, celui de choisir entre se chauffer et payer son loyer, mettre de l'essence dans sa voiture ou acheter à manger. Ceux qui connaissaient déjà un tel état d'abandon sont rejoints par d'autres, qui arrivent par vagues entières : petits commerçants en faillite, travailleurs de la culture n'ayant plus les moyens de vivre, travailleurs qui allaient d'un restaurant à l'autre, donnant le meilleur d'eux-mêmes : tous ceux-là ont basculé !