Je ne résumerai pas ce qu'a excellemment développé Muriel Ressiguier, mais en tant que témoin de la vie universitaire et de l'évolution des lois, je sais bien pourquoi je voterai en faveur de cette motion de rejet. Cette certitude est profondément ancrée en moi.
Je vous avouerai tout d'abord que si, à dix-huit ans, je vous étais tombé sous la main, j'aurais été condamné pour avoir envahi en réunion les facultés de médecine, de droit et de sciences de Besançon. Cela m'aurait valu trois ans de prison et 45 000 euros d'amende. Je n'ai pourtant pas le moindre regret de l'avoir fait : à la faculté de médecine, je m'opposais à l'instauration du numerus clausus, dont vous ne savez plus aujourd'hui comment vous débarrasser.
Toutefois, je laisserai cette question de côté, malgré son importance au vu des dispositifs répressifs que vous créez. Lorsque nous avons évoqué l'autonomie des universités, deux rêves se faisaient concurrence : le premier voulait qu'elles garantissent la liberté de l'esprit et permettent aux universitaires de conduire leurs recherches comme ils l'entendaient ; le second imaginait une université start-up – c'est celui que vous reprenez. J'en veux pour symbole le fait que la promotion des chercheurs dépendra du président de l'université. Nous savons exactement ce que cela signifie, quelle mise au pas est ainsi annoncée. Le ministre de l'éducation nationale nous l'a laissé pressentir en osant remettre en cause la liberté de recherche des enseignants, sous prétexte de traces, dans les études de sociologie de nos universités, d'un prétendu islamo-gauchisme.