En effet, contrairement à la communication du Gouvernement, nous ne pensons pas que cette loi apportera les moyens indispensables à la recherche et à l'université. Elle ne permettra pas à la recherche publique d'atteindre 1 % du PIB dans les prochaines années, ce qui serait nécessaire pour accroître le financement des laboratoires, recruter davantage et augmenter les salaires. Elle n'apporte pas non plus de solution satisfaisante aux universités, dont on connaît la situation financière catastrophique. Quant à la précarité étudiante, que la crise a renforcée et que vous n'avez traitée qu'à la marge dans le PLF ou les PLFR, elle est un sujet d'angoisse pour tout le monde étudiant.
En revanche, elle contient des dispositifs d'emploi dérogatoires au statut des universitaires, lequel assure notamment les libertés académiques et auquel nous sommes attachés. Cela nous inquiète, j'y reviendrai dans la discussion générale.
Vous dites que vous allez ouvrir des discussions sur les deux amendements introduits par le Sénat, qui inquiètent beaucoup les chercheurs et la communauté scientifique. C'est un peu faire les choses à l'envers, et peut-être aurait-il fallu discuter d'abord avec eux.
Cette loi constitue à nos yeux une remise en cause inédite des libertés académiques et de l'indépendance des universitaires, qui est au coeur des libertés publiques. Parce que nous considérons que la recherche et l'université sont plus que jamais essentielles, pour notre avenir, dans l'élaboration et la transmission du savoir, parce que nous considérons que les principes d'émancipation et de liberté de pensée fondent la notion même de progrès, et pour les raisons déjà évoquées, nous voterons donc cette motion de rejet.