Je vais essayer de résumer une partie de la position du groupe Mouvement Démocrate et démocrates apparentés, puisqu'il est divisé. Je pense qu'il est honnête de dire qu'il n'est pas unanime sur la question.
Cet article est en réalité très politique. Il répond à un énorme enjeu et à une préoccupation légitime, la vôtre, monsieur le ministre de l'intérieur, que nous partageons tous : mieux protéger les forces de l'ordre. Cette première ambition est effectivement nécessaire. Mais quand on regarde le code pénal et la loi de 1881 sur la liberté de la presse, on s'aperçoit qu'à peu près tout ce qui permet de protéger les forces de l'ordre – et d'autres professions d'ailleurs – face à l'utilisation délictueuse d'images y est inscrit. Faut-il renforcer cette première ambition ? Peut-être, mais certainement pas dans le cadre de cette loi et de façon un peu précipitée.
Nous avons une autre ambition extrêmement forte, qui est partagée par tous sur ces bancs : la protection des valeurs républicaines, avec trois points très importants.
En premier lieu, la liberté d'information. L'amendement du Gouvernement permettra sans doute d'avancer à ce sujet, mais il y a des choses plus large que la liberté d'information. Ainsi, la liberté d'expression est-elle englobée dans la liberté d'information ? C'est le deuxième sujet, et il est important. Aujourd'hui, protéger uniquement la presse ne permet pas de protéger tout un tas de citoyens qui vont s'exprimer face à ces images, mais qui vont aussi jouer un rôle de vigie et de contrôle républicain.
Pour moi, il y a un troisième point qui me fait dire qu'il faut supprimer l'article 24 et nous remettre au travail de façon sereine. Nous avons l'ambition de dissiper le trouble apparu entre les journalistes et certains citoyens d'une part et les forces de l'ordre d'autre part. Ce devoir de réconciliation entre la force publique et les citoyens est crucial.
Un dernier point préoccupe énormément certains collègues du groupe Mouvement Démocrate et démocrates apparentés : avec cet article, nous sommes en train de créer un délit d'intention. Nous ne le pouvons pas, ce n'est pas possible ! Aussi, monsieur le ministre, mes chers collègues, je pense qu'il faut supprimer l'article 24 et se remettre autour de la table pour résoudre cette difficile équation.